Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 19.djvu/504

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
500
REVUE DES DEUX MONDES.

Ton souffle embrase
Se sent divin.
Splendeurs, archanges,
Tous en phalanges
Montez vers Dieu.
Que vos louanges
Brûlent du feu
D’un saint délire ;
Le ciel est bleu !
L’ame respire !
(Ils s’élèvent emportant la partie immortelle de Faust.)

méphistophélès, regardant autour de lui.

Où sont-ils maintenant ? oh ! dupe, maître sot,
Par un essaim d’enfans, tu te laisses surprendre !
Ils s’envolent ; regarde, ils emportent là haut
Ce trésor que toi, fou, tu n’as pas su défendre.
À la fin comprends-tu qu’ils venaient d’orient,
Alléchés par l’odeur de ce morceau friand ?
Cette ame par le pacte entre mes mains tombée,
Les fripons, en sournois, ils me l’ont dérobée,
Et je perds à jamais mon trésor le plus grand.
Qui me rendra mes droits à présent, misérable ?
Oh ! comme ils t’ont trompé, Satan, dans tes vieux jours !
Mais tu le méritais ; confesse sans détour
Que tu t’es conduit là comme un bien pauvre diable.
Que d’avances sans fruit ! que de soins et d’exploits
Honteusement perdus qu’à présent je regrette,
Pour un désir commun, une absurde amourette
Qui me pénètre au cœur, moi tout bardé de poix !
Or, la moralité de tout ceci, je pense,
C’est que l’homme éprouvé qui se laisse un matin
Séduire follement par cette sotte engeance,
De sa stupide erreur sera dupe à la fin.

Cependant, au bord des précipices, dans la profondeur des forêts, au sein d’une nature âpre et sauvage, de pieux solitaires exaltent les voluptés de l’amour mystique, et s’abîment dans les océans de la béatitude ; à leur voix les échos des rochers sonores et des grands bois émus répondent en chœur ; les torrens se précipitent du haut des montagnes, les animaux hurlent dans leurs tanières. Pour la poésie allemande, la nature n’est jamais qu’un vaste clavier dont l’ame humaine dispose à son gré. Le motif seulement varie selon les circonstances et les conditions du sujet. Quoi qu’il arrive, il faut que