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fiques promesses des écoles enfantines, et dès 1826, des souscriptions particulières permirent un essai dont une émulation générale a constaté l’heureuse réussite. Pendant dix ans, l’institution s’est propagée et soutenue dans toute la France par des sacrifices volontaires. En 1837, le gouvernement en a réclamé la direction suprême et l’a rattachée, par une loi, à notre système d’éducation élémentaire. Aux termes de cette loi, « les salles d’asile ou écoles du premier âge sont des établissemens charitables où les enfans des deux sexes peuvent être admis jusqu’à l’âge de six ans accomplis, pour recevoir les soins de surveillance maternelle et de première éducation que leur âge réclame. Il y aura, dans les salles d’asile, des exercices qui comprendront nécessairement les premiers principes de l’instruction religieuse et les notions élémentaires de la lecture, de l’écriture et du calcul verbal. On pourra y joindre des chants instructifs et moraux, des travaux d’aiguille et tous les ouvrages de main. Aujourd’hui, 350 asiles reçoivent en France plus de 30,000 enfans. Le département de la Seine en recueille plus de 4,000 dans 27 maisons, et s’impose pour chacun d’eux une dépense annuelle de 20 francs. Une vingtaine de départemens retardataires suivront bientôt l’exemple des autres, et on peut espérer que la France ne sera pas moins généreuse que la Grande-Bretagne, qui compte déjà plus de 1,000 écoles enfantines, et qui, à Londres seulement, reçoit 20,000 enfans dans plus de 100 maisons.

En France, l’admission aux asiles n’est pas nécessairement gratuite. Une faible rétribution d’un franc par mois est exigée des familles dont les ressources sont notoires. Cette mesure a les plus heureuses conséquences. Les enfans, comprimés par la misère, ont tout à gagner à la société de ceux qui ont puisé au sein de l’aisance des habitudes plus douces et plus cultivées. On s’applique à ce qu’une fois réunis, toute distinction apparente cesse entre eux. On ne veut pas qu’un vague pressentiment du malheur contrarie le premier épanouissement des ames. Pas de rougeur sur ces jeunes fronts, si ce n’est celle de la joie naïve. Mais que la bienfaisance est ingénieuse et prévoyante ! Dans certaines maisons, on a soin de séparer, à l’heure des repas, ceux dont le petit panier est ordinairement bien pourvu, afin de ne pas développer chez les autres le sentiment de l’envie. Ailleurs on fait mieux encore. Des alimens, préparés dans l’établissement même, sont délivrés à chacun sur la présentation d’une carte. Aux familles aisées, on vend cette carte à prix modéré ; à celles qu’on sait dans le besoin, la carte est donnée secrètement : l’égalité est ainsi rétablie ; l’école n’est plus qu’une famille où tout devient commun. Dans plusieurs villes, des dons volontaires en argent et en nature forment un fonds de secours qu’on emploie en linge, vêtemens, chaussures, afin de remplacer les haillons qui corrompent l’air et attristent les yeux. Enfin, le croira-t-on ? On

    publications de Mmes Nau de Champlouis et Julie Mallet. Il y a aujourd’hui une littérature complète à l’usage des salles d’asile, journaux et livres de toutes sortes. Un des plus utiles et des plus estimables est le Médecin des salles d’asile, par le docteur Cerise.