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ce jour, part active à rien ; elles n’avaient pas souscrit pour un shelling en faveur de cette cause, elles n’avaient pas levé un seul soldat, et de ce que je n’étends pas les postes de l’armée que je commande au-delà des limites que je juge convenables, de ce que leurs personnes et leurs biens sont exposés, non en raison de leur dévouement actif à la cause (elles n’ont rien fait), mais par suite d’une déclaration prématurée et faite contrairement à mes avis, je serais coupable, et on croirait pouvoir m’interpeller d’une manière qui ressemble à une enquête !

« Mon expérience des guerres révolutionnaires m’apprend ce que j’ai à attendre, et me porte à avertir votre altesse royale de ne pas faire les choses trop en hâte (not to be in a hurry).

« Je prie votre altesse royale de dire à l’auteur de cet écrit et aux personnes que cela concerne, qu’il n’y a pas de pouvoir sur la terre qui me fera départir de ce que je regarde comme mon devoir envers les souverains que je sers, et que je ne veux pas risquer une seule compagnie d’infanterie pour protéger des propriétés et des familles qui ont été et sont mises en danger par des actes effectués contrairement à mes avis.

« En réponse à la lettre de votre altesse royale du 24, et en ce qui est de toute cette affaire, j’ai à dire que j’espère que votre altesse royale réglera sa conduite, et que ses conseillers l’avertiront de rédiger ses proclamations et déclarations de manière à ce que je ne sois pas dans la nécessité de déclarer, à mon tour, par une proclamation, que mes opinions et mes principes ont été invariables, et que j’ai plusieurs fois notifié à votre altesse royale :

« 1o  Que je considère votre altesse royale comme parfaitement libre d’agir comme elle l’entend, sans me consulter en aucune manière, ajoutant que toutefois ni mon nom, ni le nom ou l’autorité des gouvernemens alliés, ne doivent être mis en avant quand je n’ai pas été consulté, ou lorsque l’ayant été, j’ai désapprouvé les mesures qu’on adopte.

« 2o  Que si quelque ville ou grande commune se déclarait en faveur de la famille de votre altesse royale, je n’interviendrais aucunement, et que si cet assentiment devenait général dans le pays, je remettrais à votre altesse royale le gouvernement du pays parcouru par l’armée. Or, l’assentiment n’a pas été unanime à Bordeaux ; les esprits n’ont pas montré un élan général, ni en Vendée, ni en aucun lieu occupé par l’armée. À mon sens, les éventualités que j’avais posées ne se sont pas réalisées, et je serais coupable d’une grande faute envers