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pont l’année précédente, il prenait la liberté de suggérer au prince Blücher de retarder l’opération qu’il méditait jusqu’à leur arrivée. » Le maréchal Blücher ne tenait pas moins fortement à cette idée qu’à l’autre ; il résista, et revint à son projet de contribution, opiniâtreté qui lui valut de lord Wellington une nouvelle lettre qui est un modèle d’habileté et de modération. La destruction du pont d’Iéna, disait-il, devait hautement déplaire au roi ; ce n’était ni une opération militaire ni une mesure politique de quelque importance. Si elle avait été résolue à cause du souvenir de la bataille d’Iéna que rappelait ce monument, le gouvernement avait dessein d’en changer le nom. D’ailleurs, en considérant le pont comme un monument, sa destruction était contraire aux promesses stipulées dans la convention de Paris, où il était écrit que les souverains alliés décideraient de tout ce qui était relatif aux musées et monumens de tous genres. En ce qui concernait la contribution de 100 millions, lord Wellington espérait que le maréchal Blücher ne le soupçonnerait pas de vouloir disputer à l’armée prussienne le mérite de sa bravoure et la valeur de ses services ; mais il lui semblait que les souverains ne consentiraient pas à ce qu’une des armées reçût seule le prix des opérations des armées combinées. En supposant que les souverains inclinassent à concéder ce point à l’armée prussienne, ils avaient encore à décider si Paris devait ou non faire ce sacrifice, et s’il était habile de l’exiger pour l’armée prussienne. Enfin, après avoir donné toutes ses raisons, lord Wellington ne demandait qu’un délai de quelques jours, et, dans ce peu de jours, Alexandre arriva.

Les dépêches de lord Wellington se terminent par ce memorandum que je veux me borner à citer sans réflexion : « Il est extraordinaire que Mme la maréchale Ney ait jugé à propos de livrer à la publicité, par la voie de l’impression, quelques parties d’une conversation qu’elle serait supposée avoir eue avec le duc de Wellington, et qu’elle ait oublié de publier ce qui montre le mieux l’opinion du duc sur le sujet de cette conversation, à savoir la lettre du duc au maréchal prince de la Moskova, en réponse à la lettre du maréchal au duc. Voici cette lettre :

« J’ai eu l’honneur de recevoir la note que vous m’avez adressée le 13 novembre, relativement à l’application de la capitulation de Paris, en ce qui vous concerne. La capitulation de Paris, du 3 juillet, a été faite entre les commandans en chef des armées anglaise et prussienne alliées d’une part, et le prince d’Eckmühl, commandant en chef l’armée française, de l’autre ; elle a uniquement rapport à l’occupation militaire de Paris.