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faite exécution des corps, il est évident qu’elle est due à un naturalisme prononcé, dont le scrupule va jusqu’à copier les rugosités de la peau. Ainsi le naturalisme de Van-Eyck et d’Hemling s’allie avec une certaine maigreur de formes et avec la sécheresse des contours.

Passons de l’examen général à une analyse plus détaillée. Nous commencerons par le fronton postérieur ou oriental, qui est complet, et nous admettrons, ne fût-ce que pour être plus clair, l’hypothèse des archéographes de Munich.

Au centre du fronton, dans un reculement dont les règles de l’architecture et celles de la sculpture s’accordent à proclamer la nécessité, s’élève Minerve, tenant le bouclier d’une main, la lance de l’autre. Sa tête est couverte d’un casque qui repose sur une chevelure dont les petites boucles sont rangées par étages ; sa robe à longs plis droits et symétriques rappelle le travail antérieur des statues de bois ; ses yeux sont fendus en amandes, légèrement relevés par les coins : comme ceux des autres statues, on les dirait empruntés à l’art chinois ; sur les lèvres, dont les segmens sont minces et durs, et dont les extrémités sont également tirées en haut, s’épanouit un sourire qui erre aussi sur toutes les autres figures ; enfin, comme dans celles-ci, le menton est étroit et aigu. Ainsi que M. Quatremère de Quincy l’avait pressenti, c’est, de la tête aux pieds, une figure semblable à celles qu’on avait jusqu’à ce jour classées parmi les productions de l’art étrusque, et que Winckelmann le premier avait soupçonné pouvoir tout aussi bien appartenir à l’ancien style grec.

Aux pieds de Minerve, et devant elle, sont deux guerriers nus : l’un tombe mourant en arrière, l’autre s’élance et se penche vers lui pour le secourir ; c’est au-dessus et au-delà d’eux qu’apparaît la déesse. Le premier de ces guerriers a reçu le nom de Patrocle ; son casque, qui a quitté sa tête à moitié, laisse voir une grande partie de sa chevelure, pareille à la perruque dont Minerve est affublée ; ses lèvres sourient en rendant l’ame, comme celles des guerriers qui l’entourent. Celui qui le secourt ne porte point de casque sur sa tête bouclée, en sorte qu’il est entièrement nu. L’absence de toute espèce de signe ayant empêché qu’on ne lui donnât un nom historique, on l’a tout simplement appelé un héros.

À gauche, derrière Patrocle, on voit Hector qui vient de le frapper. Il est debout, nu, porte le bouclier d’une main ; de l’autre, qu’il tient haute, il brandissait sans doute le fer qui a tué son ennemi. Sa tête, plus belle que celle des autres, semble indiquer sa supériorité. Son casque laisse aussi voir la partie antérieure de la chevelure bou-