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LA MARINE MARCHANDE GRECQUE.

menaçait l’agriculture du pays, car les objets de contrebande consistaient principalement en grains de la mer Noire, qu’on allait acheter à Livourne. Il ne reste donc plus aujourd’hui que le transport des produits de l’île à Marseille, et le transport des produits continentaux que consomme l’île ; mais les bateaux à vapeur viennent en concurrence avec la navigation à voiles, et la marine corse va cesser d’exister, si on ne lui donne pas le moyen de se relever.

Ce qui manque à la Corse, ce sont des capitaux ; et, pour les y appeler, il faut encourager la construction et l’armement des navires.

Un ministre napolitain, frappé de ce qu’avec une si grande étendue de côtes les royaumes de Naples et de Sicile n’avaient pas de marine, fit décider que tout navire d’un certain tonnage qui serait construit dans un espace de temps déterminé, obtiendrait une remise, à ses deux premiers voyages, de 10 p. 100 sur les droits de sortie des marchandises qu’il chargerait. Par cette remise, le navire était payé presque en entier, et cela eut pour résultat de créer, en deux ou trois ans, une des marines les plus importantes de la Méditerranée.

Faisons quelque chose d’analogue en Corse, c’est-à-dire accordons une prime à ceux qui construiront dans l’île des navires de cent cinquante à trois cents tonneaux ; ajoutons-y, si cela est possible, quelques modifications dans la rigueur du service à bord des navires de guerre, et bientôt nous rivaliserons, pour le bon marché des transports, avec les marines d’Italie et avec celles de Spetzia et de Syra.


De Ségur Dupeyron.