de cette sorte charmans, de vraies naïvetés enchantées. Mme Des Houlières en a juste dans ce goût, dans cette même coupe déjà ancienne alors, et qui rappelait la jeunesse de Mme de Motteville. Presque toujours le printemps, comme chez les trouvères, en est le sujet :
L’aimable printemps fait naître
Autant d’amours que de fleurs ;
Tremblez, tremblez, jeunes Cœurs :
Dès qu’il commence à paraître,
Il fait cesser les froideurs ;
Mais ce qu’il a de douceurs
Vous coûtera cher peut-être.
Tremblez, tremblez, jeunes Cœurs ;
L’aimable printemps fait naître
Autant d’amours que de fleurs.
N’est-ce pas comme un chant de gaie fauvette qui le salue ? Mais
rappeler encore que les Aliscamps ou Champs-Élysées sont l’antique et célèbre cimetière de la ville, et que les femmes d’Arles sont d’une insigne beauté. Le voici :
Sous le consulat de Plancus,
En Arles la belle romaine,
Devant la grace souveraine,
Les coups d’œil lancés et reçus
De ces beautés au front de reine,
Cher ami, que ta jeune veine
Range encor dans les invaincus,
Qui pourtant comprendras ma peine,
Ah ! quels jours j’eusse là vécus
Sous le consulat de Plancus !
Redisant le mot de Flaccus,
Répétant ma plainte trop vaine,
Je vais donc où mon pas me mène,
Vers les grands débris aperçus.
Vaste amas de poussière humaine,
Blancs Aliscamps, je vous ai vus !
J’erre seul, et de loin à peine
J’entends les savans convaincus :
À ce fronton l’un veut Bacchus,
L’autre Constantin fils d’Hélène ;
Moi, j’ai ma date plus certaine,
Et je lis encore aux murs nus :
Sous le consulat de Plancus.