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dans le port de Civita-Vecchia. Ce bras est-il étrusque ? Il est permis d’en douter. Il appartenait à une statue de dix-huit à vingt pieds de haut. Il est, du reste, admirable de force et de grandeur. C’est beau comme Phidias, et cependant ceux qui coulèrent la statue à laquelle il appartenait, ne connaissaient que la partie extérieure de leur art et étaient de très mauvais fondeurs, comme on peut le voir par l’inégalité d’épaisseur des diverses parties de ce fragment et par les scories grossières dont l’intérieur est tout rempli. Mais j’ai tort de dire qu’ils ignoraient leur art, car il fallait déjà l’avoir poussé presque à ses limites pour arriver à cette perfection ; la dimension colossale de la statue était peut-être la seule cause de ces imperfections, invisibles du reste, puisqu’elles étaient intérieures. Ces gens-là savaient leur art, ils en ignoraient seulement les procédés matériels et économiques.

Plusieurs autres salles contiennent des copies de peintures étrusques qui servaient à la décoration des murailles, et qu’on croirait égyptiennes. Ces peintures, ou plutôt ces grandes enluminures, sont surtout remarquables par l’éclat du coloris. Les sujets sont analogues à ceux des premières époques de la statuaire et de la plastique.

Ces mêmes salles contiennent d’énormes vases, cruches, amphores, etc., servant à renfermer l’huile, le vin et les grains. Le travail en est grossier. Les rares ornemens qui les décorent étaient appliqués par estampage sur la pâte molle. Ces ornemens représentent des fleurs, des animaux, et l’on voit que souvent l’ouvrier peu habile, en appliquant le moule sur la pâte, l’a laissé glisser quelque peu ; de là, le manque de parfaite régularité de ces ornemens, qui souvent fléchissent sur les bordures.

IV.
LES SÉPULTURES ÉTRUSQUES.

En sortant de ces salles, le cicerone obligé allume une torche, ouvre une porte, et vous introduit dans une espèce de petite chambre basse et obscure où, pendant le premier moment, il est impossible de rien découvrir. C’est cependant la salle la plus curieuse peut-être du musée étrusque, car ce recoin si sombre n’est rien moins que la copie de grandeur naturelle et parfaitement exacte, et en quelque sorte le fac-simile, de ce tombeau du chef étrusque découvert à Corneto, dans lequel on a trouvé une multitude de vases, d’objets