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LE MUSÉE ÉTRUSQUE DU VATICAN.

soumis que vers l’an 480 de Rome. Tous les amis du mort, assistant à l’enterrement et engagés au repas des funérailles, déposaient auprès de son cadavre le vase avec lequel ils avaient fait des libations ou répandu des parfums.

On s’est étonné néanmoins de la grande quantité de ces vases recueillis dans les tombeaux. On a rapproché les catalogues des diverses collections en négligeant, il est vrai, d’en retrancher les vases purement égyptiens et ceux des fabriques de l’île de Samos, confondus si souvent avec les vases toscans, mais qu’on en distingue aisément au choix et à l’exécution des sujets et même à la pesanteur ; dès-lors on les a comptés par myriades. Cette quantité a paru bien autrement prodigieuse quand on a calculé que dix vases existans en laissaient supposer mille au moins de détruits ; des esprits superficiels n’ont donc pas craint de nier l’authenticité du plus grand nombre de ces vases, les regardant comme d’ingénieuses falsifications. Ils ignoraient sans doute que, pendant plus de quatre cents ans, les fabriques de poterie étrusque avaient joui dans le monde civilisé d’une réputation égale au moins à celle que, depuis trois siècles, les porcelaines de la Chine et du Japon ont obtenue parmi nous. Ils ignoraient aussi qu’à Volterre, comme à Rome, on avait découvert plusieurs collines formées des seuls débris de rebut de ces manufactures. Pour eux, tout vase intact et sans fêlure était nécessairement falsifié. L’habileté des restaurateurs et l’adresse des pasticheurs et des copistes ont été poussées si loin, que cette accusation n’était peut-être pas absolument dénuée de fondement. Non-seulement on a imité le dessin et le coloris des vases antiques de manière à s’y méprendre, mais les falsificateurs ont encore poussé le scrupule jusqu’à donner à leurs imitations la pesanteur spécifique des originaux, et à simuler les outrages du temps. Cette falsification toutefois n’a de prise que sur des vases du deuxième et du troisième ordre, et ne peut tromper que des connaisseurs superficiels. Les antiquaires romains, mauvais plaisans de leur nature, racontent, il est vrai, qu’un de nos académiciens, fraîchement débarqué à Rome, fut conduit par un des leurs dans l’un de ces beaux magasins de vases antiques du Corso. Introduit dans une première salle, notre confiant amateur s’extasie sur la beauté des vases qu’il voit exposés. Il admire la délicatesse et la précision du dessin, la beauté du coloris des sujets représentés sur ces vases, et entame une dissertation à perte de vue sur les procédés employés par les ouvriers étrusques et leur adresse singulière. Le Romain le laissait