Page:Revue des Deux Mondes - 1839 - tome 20.djvu/716

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
712
REVUE DES DEUX MONDES.

sionne ses petits tableaux ou ses portraits, Cyprien, la Prima Donna, Vingt-quatre heures à Rome, le Jour sans lendemain. M. Arsène Houssaye, qui est moins connu et qui mérite de l’être, offre dans ses pages une douce ironie moqueuse, une grace champêtre légèrement égayée, une fraîcheur qui sent le tableau flamand. Les petites nouvelles intitulées Mathilde, le Joueur de violon, les Aventures sentimentales, ont un charme facile d’esprit et de cœur ; avec moins de largeur et de verve dans le pinceau que M. Alphonse Karr, il n’en a jamais les écarts fâcheux ni ce qui corrompt l’impression. Les sentimens naturels y ont conservé un certain parfum comme du village natal. En s’attachant à de simples sujets, au milieu d’une littérature bruyante, M. Houssaye semble s’être dit quelquefois, avec le Kreisler d’Hoffmann : « Une petite mélodie insignifiante, chantée par une voix médiocre ou jouée avec hésitation, mais loyalement, avec une bonne petite intention, et venant bien du cœur, me guérit et me console. » Les Revenans, en un mot, sont d’une lecture aimable, sans prétention et sans cauchemar.


Géographie ancienne, historique et comparée des Gaules cisalpine et transalpine, par M. Walckenaër[1]. — En 1810, l’Académie des Inscriptions mit au concours un programme ainsi conçu : « Rechercher quels ont été les peuples qui ont habité les Gaules cisalpine et transalpine aux différentes époques de l’histoire antérieures à l’année 410 de Jésus-Christ ; déterminer l’emplacement des villes capitales de ces peuples, l’étendue du territoire qu’ils occupaient, et enfin les changemens qui ont eu lieu dans les divisions provinciales des Gaules sous l’administration romaine. » Le prix fut décerné en 1811 à M. Walckenaër, dont le Mémoire, assez développé pour former plus de mille pages, vient d’être publié pour la première fois. Nous apprenons, dans une introduction, que vingt-huit ans d’études assidues n’ont pas modifié les premiers résultats de l’auteur, et que son travail paraît aujourd’hui tel, ou à peu près, qu’il se présenta jadis à la docte assemblée dont il obtint les suffrages. Nous avons regret de le dire, cette déclaration était parfaitement inutile : il est trop évident que M. Walckenaër ne s’est pas approprié tous les procédés critiques, tous les moyens de vérification que la science de l’histoire a conquis depuis trente ans. La comparaison des idiomes, devenue facile depuis qu’on a déchiffré les langues orientales et recomposé les langues primitives de l’Occident, le rapprochement des monumens matériels et des précieuses reliques de l’antiquité, l’analogie des dogmes religieux, ainsi que des traditions qui en découlent, et pour tout dire enfin, une méthode d’investigation qui tient compte des moindres particularités, ont ingénieusement renouvelé la science des origines. La lumière qu’on a su faire jaillir jusque dans les âges les plus téné-

  1. vol. in-8o, en y comprenant l’Analyse géographique des itinéraires anciens ; avec un bel Atlas de 9 cartes. Chez Dufart, rue des Saints-Pères, no 1.