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REVUE. — CHRONIQUE.

maladies et les souffrances ? Et tout cela pour faire la découverte d’un chemin et pour échanger quelques rares coups de fusil avec une poignée de Kabaïles ! Encore une fois, on ne doit que des éloges au prince. Se trouvant sur les lieux, il devait marcher aux Portes-de-Fer ; il ne pouvait pas se séparer de bataillons français au moment où ils allaient affronter un péril. Mais l’héritier du trône de France ne doit être appelé qu’à la gloire des grandes choses. Il n’a rien à lui, pas même sa vie ; et ce qui appartient à l’état, ce qui lui est un gage précieux, ne doit être employé qu’aux choses qui intéressent la grandeur et l’avenir de la France.

C’est le voyage du prince royal dans les départemens du Midi qui est un grand évènement. Il a scellé le pacte d’alliance de la dynastie de juillet avec la partie de l’empire qu’on prétendait faussement lui être le moins affectionnée. On se connaît maintenant. Le temps des sottes calomnies est passé sans retour. S’ils renouvelaient leurs perfides insinuations, les ennemis de notre royauté rencontreraient toujours une de ces réponses foudroyantes : Nous l’avons vu, nous l’avons entendu ; il comprend nos besoins, il sait les affaires ; il nous a secourus, il a intercédé pour nous ; et le peuple n’est pas oublieux.

La France ne doit ce beau résultat qu’au prince lui-même, au charme de ses manières et de son langage, à sa haute intelligence des choses et des hommes, à ses connaissances aussi variées que positives, et à cette présence d’esprit et à cette bonté qui ne se sont pas démenties un seul instant. Nous le croyons d’autant plus, que cela nous a été affirmé par des témoins oculaires, étrangers à la France, à ses affections et à ses besoins. Dans plus d’un endroit, le premier accueil n’a pas été sans quelque froideur ; mais partout l’élan d’affection a été vrai, spontané, général, dès que le représentant de la royauté de juillet a été connu du peuple. Ce sont là de précieuses conquêtes et faciles à garder. Le trône s’en trouve consolidé ainsi que toutes nos institutions.

La session approche, les esprits s’animent, on aiguise ses armes, et on prélude au combat par la question d’usage : — Le ministère pourra-t-il, tel qu’il est, ouvrir la session ? Pourra-t-il la traverser ?

Il faut le dire ; nul, les ministres y compris, ne répond hardiment : — Il le doit et il le peut. Ce qu’on entend de plus favorable se réduit à dire : — Il n’y a pas autre chose sous la main, il ne faudrait pas recommencer la crise, les incompatibilités de personnes sont toujours les mêmes, les amours-propres sont toujours aussi intraitables.

Ceux qui prétendent approfondir davantage la question ajoutent qu’au fond il n’est aucune partie de la chambre d’où puisse partir une attaque immédiate et sérieuse. Les 221, ou, si l’on veut et pour éviter les quiproquo auxquels vient de donner lieu le Journal de Saône-et-Loire, que le ministère et le centre gauche opposant ont également interprété à leur avantage, — les centres proprement dits, peu agressifs de leur nature, n’ont aucune raison de se presser. Le ministère a eu beau publier quelques paroles peu mesurées sur leur compte, les centres savent que, pour toute administration qui ne voudra pas boule-