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allemandes ; enfin la Hollande et la plus grande partie de la Belgique sont habitées par une population de souche germanique et parlant un dialecte du bas-allemand. La communauté d’origine et la similitude des langues établissent entre les nations des affinités et des sympathies que les siècles n’effacent pas. Ces espèces de liens de famille semblent avoir repris une nouvelle force depuis que le lien religieux qui ne faisait de l’Europe entière qu’une seule nation a été brisé, et il se fait partout dans ce sens un mouvement qui doit être l’objet d’une attention particulière pour quiconque s’occupe d’études politiques.

La langue allemande, comme le peuple qui la parle, est restée presque sans mélange d’élémens étrangers, à la différence des idiomes romans, qui sont un composé de plusieurs langues, où se rencontrent une foule de mots et de formes grammaticales puisés à des sources très diverses. Elle est une des principales branches de la grande famille appelée par les philologues arienne ou indo-germanique, et à laquelle appartiennent le sanskrit, le zend, le grec, le latin, les idiomes celtiques et slaves. Riche et compliquée dans son lexique et sa syntaxe, elle est éminemment propre à la poésie, malgré la dureté que lui a donnée la prédominance du dialecte saxon depuis Luther ; la latitude qu’elle laisse pour composer et décomposer les mots lui permet d’exprimer une foule de nuances auxquelles les langues issues du latin ne peuvent atteindre, et en fait un instrument philosophique très remarquable ; mais comme la langue grecque, à laquelle elle ressemble par là, elle se prête à des distinctions et à des subtilités sans fin, et se perd facilement dans les raffinemens métaphysiques. On la divise en deux principales branches, le haut et le bas allemand, qui se subdivisent eux-mêmes en dialectes locaux. Le haut allemand se parle en Autriche, en Bavière, en Souabe, sur le Rhin, en Franconie, en Hesse, en Thuringe et en Saxe ; le bas allemand, dans la Westphalie, le Hanovre, le Holstein, le Mecklenbourg, le Brandebourg et la Poméranie. À mesure qu’on approche des Pays-Bas, l’idiome prend une ressemblance de plus en plus marquée avec le hollandais et le flamand. La prononciation varie beaucoup, suivant qu’on se trouve au nord ou au midi, dans les montagnes ou dans les plaines. La plus pure passe pour être celle du Hanovre, où se fait la transition du haut au bas allemand.

C’est ici le lieu d’indiquer quelques-uns des traits caractéristiques de la race germanique. Chose surprenante et pourtant incontestable, c’est encore dans la Germanie de Tacite qu’il faut aller chercher les