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AFFAIRES DE L’AFAGHANISTAN.

d’injures et d’insultes envers les officiers de la mission de sa majesté britannique à la cour de Perse, mais encore donné des preuves de ses desseins, entièrement opposés aux principes et à l’objet de son alliance avec la Grande-Bretagne.

« Après un long temps passé par le capitaine Burnes en vaines négociations à Kaboul, il devint évident que Dost-Mohammed-Khan comptant surtout sur les encouragemens et l’assistance de la Perse, persistait à avancer les prétentions les plus déraisonnables par rapport à ses différends avec les Sikhs, prétentions telles que le gouverneur-général ne pouvait, sans déroger à la justice et à ce qu’il devait à l’amitié de Randjît-Singh, consentir à les soumettre à la considération de son altesse. Il fallait reconnaître également que Dost-Mohammed-Khan affichait des plans d’agrandissement et d’ambition nuisibles à la sécurité et à la paix de nos frontières, et qu’il menaçait ouvertement de faire concourir à l’exécution de ces plans toute assistance étrangère dont il pourrait disposer. Enfin il donnait hautement son appui aux desseins de la Perse sur l’Afghanistan, quoique parfaitement instruit du caractère hostile de ces desseins en ce qui touchait à la puissance anglaise dans l’Inde ; et, par son mépris absolu pour les vues et les intérêts du gouvernement anglais, il obligea le capitaine Burnes à quitter Kaboul sans avoir rempli aucun des objets de sa mission.

« Il devenait évident dès-lors que le gouvernement anglais ne pouvait exercer aucune influence ultérieure pour rétablir la bonne intelligence entre le souverain sikh et Dost-Mohammed-Khan, et la politique hostile de ce dernier chef montrait trop clairement qu’aussi long-temps que Caboul resterait sous sa loi, nous ne pourrions espérer de maintenir aucune tranquillité dans notre voisinage, ou que les intérêts de notre empire dans l’Inde pussent se conserver intacts.

« Le gouverneur-général juge nécessaire de revenir ici sur le siége d’Hérat et la conduite de la nation persane. Le siége de cette ville par l’armée persane continuait depuis plusieurs mois. Cette attaque sur Hérat avait un caractère de cruauté que rien ne pouvait justifier ; elle avait été commencée et continuée nonobstant les remontrances solennelles et réitérées de l’envoyé anglais à la cour de Perse, et après que toutes les offres d’arrangement justes et raisonnables eurent été faites et rejetées. Les assiégés s’étaient conduits avec une bravoure et une énergie dignes de la justice de leur cause, et le gouverneur-général se plaît à espérer encore que leur héroïsme maintiendra la lutte jusqu’à l’arrivée des secours, que l’Inde anglaise leur