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AFFAIRES DE L’AFAGHANISTAN.

officiers anglais. En même temps, à Bombay, s’organisait le corps d’armée auxiliaire destiné à occuper le Sindh et à marcher ensuite sur Kandahar, après avoir opéré sa jonction avec les troupes du Bengale. Bombay fournissait pour son contingent deux brigades d’infanterie, une de cavalerie, une d’artillerie, offrant un effectif d’à peu près 6,000 hommes, dont 2,500 à 3,000 Européens. Le gouverneur général, de Simla où il s’était établi depuis long-temps, surveillait tous les mouvemens de troupes et dirigeait les opérations des nombreux agens politiques qu’il avait expédiés de toutes parts. Une entrevue se préparait entre le représentant du léopard britannique et le lion du Pandjab. Le capitaine (depuis major et bientôt lieutenant-colonel honoraire) Wade, agent politique à Loudiana, présidait à tous les arrangemens préliminaires. Un ordre du gouverneur-général, sous la date du 11 octobre, avait désigné cet officier pour rejoindre, en temps utile, l’armée du maharadja Randjît-Singh à Peshaver, et l’avait chargé, d’après les instructions qui lui seraient données, de la surintendance des affaires du gouvernement anglais, en tout ce qui aurait rapport aux états et aux troupes de son altesse. Il devait être assisté à Peshaver de plusieurs officiers, parmi lesquels se trouvait un lieutenant Mackeson, agent anglais pour la navigation de l’Indus. Le célèbre voyageur, sir Alexandre Burnes[1], que son activité, son intelligence, sa persévérance infatigable et sa connaissance des intérêts politiques et commerciaux à l’ouest de l’Indus avaient signalé depuis long-temps comme le guide et l’avant-garde intellectuelle, en quelque sorte, de l’expédition, s’occupait sans relâche des moyens d’aplanir les difficultés que l’armée pouvait s’attendre à rencontrer sur sa route. La plus grande activité, le zèle le plus animé, l’accord le plus parfait, se montraient dans toutes les branches du service. Des approvisionnemens considérables avaient été faits sur plusieurs points, des marchés conclus pour les besoins à venir, des convois organisés ; l’armée allait se concentrer à Firozepour, pour y passer la revue du gouverneur-général et du souverain du Pandjab, le seul chef redoutable que le gouvernement de l’Inde comptât parmi ses alliés, et auquel, ainsi qu’à tous les siens, il importait de donner à la fois l’idée la plus imposante des forces militaires dont ce gouvernement pouvait disposer, et un témoignage éclatant d’estime politique et de confiance.

Le général commandant en chef, qui était venu rejoindre le gou-

  1. Nommé chevalier par la reine et lieutenant-colonel honoraire.