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vernement pontifical. Rome n’est un asile convenable que pour les prétendans qui n’ont plus d’autres prétentions que de mourir en paix.

Le pape vient de publier des lettres pastorales contre la traite des noirs. Quoiqu’un peu tardive, applaudissons à cette déclaration toute chrétienne du chef de l’église. C’est là la mission de Rome : seconder de toute sa puissance spirituelle les progrès de l’humanité, les conquêtes de la civilisation, l’affranchissement des peuples. Rome fut grande et sainte lorsqu’elle comprit, — ces temps sont bien loin de nous, — que c’était là son rôle, sa gloire, sa puissance. Espérons que l’acte que nous venons de signaler n’a pas été une concession faite du bout des lèvres aux importunités de la diplomatie.


Un passage de l’article sur les Journaux chez les Romains, de la dernière livraison de la Revue, paraît avoir ému M. Berger de Xivrey qui a écrit, à ce sujet, une lettre aux Débats : nous n’avons pas à nous en plaindre. Il a pris la peine d’expliquer plus en détail ce que nous n’avions qu’indiqué. Il n’est pas fâcheux, quand on a affaire à de certaines parties adverses, de les amener ainsi à se dessiner elles-mêmes : cela justifie. Nous continuons de croire que M. Berger n’a point apporté, à l’égard de M. Varin, une intention de critique impartiale et désintéressée ; il s’est efforcé, en effet, de déprécier cet intéressant travail dans deux articles consécutifs, en deux journaux différens ; il s’est pesamment acharné à quelques phrases surtout de la préface de M. Varin, et il est allé même jusqu’à le railler sur sa santé, trop altérée effectivement. Pour que M. Berger, d’ordinaire si soigneux des prérogatives académiques, s’armât de cette sévérité soudaine contre un ouvrage honoré par l’Académie d’une distinction spéciale et imprimé dans une collection du gouvernement, il fallait quelque raison secrète que nous nous persuadons avoir bien touchée. M. Berger voudrait faire croire qu’il a eu besoin d’un grand courage pour cela, et il se pose là-dessus en vrai chevalier, ou même en martyr. Allons ! si M. Berger est un brave pour avoir attaqué M. Varin, nous sommes, nous, des héros pour avoir attaqué M. Berger, et tout est pour le mieux. — Il nous revient, au reste, que, dans la dernière séance de l’Académie des Inscriptions, M. Berger aurait été grondé pour avoir mêlé hors de propos le nom de l’illustre compagnie dans cette discussion toute personnelle : c’est plus, assurément, que nous n’en pouvions demander.


V. de Mars.