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Wasa comme de plusieurs autres princes non moins légitimes qui courent le monde. On ne les hait plus, on les oublie ; la haine leur servirait peut-être de marche-pied pour remonter sur le trône de leurs ancêtres ; l’indifférence arrête leurs démarches et paralyse leur espoir. L’Autriche est là pour leur donner des brevets de colonel. C’est de leur part chose prudente de les accepter. Qui sait si plus tard ils pourraient, en raison de leur légitimité, obtenir la même faveur ?

Mais revenons à nos journaux. Le plus important de ceux qui sont entrés franchement dans la voie de l’opposition est l’Aftonblad. Il fut fondé, après la révolution de juillet, par un de ces hommes persévérans qui, ayant une fois conçu une idée heureuse, la poursuivent avec opiniâtreté jusqu’à son entière réalisation. Son but était de donner au peuple une lecture attrayante et instructive, de développer de la manière la plus claire et la plus accessible à toutes les intelligences les principes du gouvernement constitutionnel. Il commença par publier une feuille assez frivole en apparence, mais spirituelle et variée. C’était précisément ce qu’il fallait pour exciter la curiosité du grand nombre, et les autres journaux, qui semblaient deviner sous ces dehors modestes la prospérité future de l’Aftonblad, contribuèrent encore à son succès en l’attaquant avec violence. Peu à peu, à mesure que cette feuille gagnait des abonnés, l’éditeur, M. Hierta, agrandit son format et prit un ton plus sérieux et plus explicite. Aujourd’hui, ce journal se distingue entre tous les autres par ses attaques vives et hardies contre toutes les négligences ou les abus de l’administration, par ses théories politiques larges et habilement développées. C’est l’antagoniste le plus ardent des prérogatives héréditaires de la noblesse, le défenseur de la bourgeoisie, et l’ennemi déclaré de toute espèce de pacte avec la Russie. Grace à ses vigoureux plaidoyers en faveur des classes moyennes et des classes inférieures, grace au soin qu’il met à varier ses textes, afin d’éclairer, d’émouvoir et de distraire tour à tour ses lecteurs, ce journal a acquis, dans l’espace de quelques années, une immense popularité. Il compte aujourd’hui plus de cinq mille abonnés ; jamais aucun journal suédois n’en réunit à beaucoup près un aussi grand nombre.

Le second journal de l’opposition est le Dagligt-Allehanda (mélanges journaliers), rédigé par M. Dahlmann. Il a devancé l’Aftonblad dans la voie constitutionnelle, mais il ne fait plus que se traîner lourdement à sa suite. C’est une feuille d’un esprit étroit, taquin, humoristique, qui s’attaque surtout aux

    vége, visita le nord et le midi de cette contrée, et publia sur ses mœurs, sur sa constitution, un livre qui n’est pas exempt d’erreurs, mais qui est cependant l’un des ouvrages les plus intéressans et les plus judicieux qui aient paru sur cette partie de la Scandinavie. Le succès de cette publication l’éblouit. Il fit comme mistress Trollope, qui, après son tableau de l’Amérique, échoua dans celui de la France et de l’Allemagne. Au mois de juin 1838, il partit pour la Suède, passa quelques jours à Stockholm, s’embarqua sur le Norrland pour Torneo, et à la fin de l’été écrivit sur la Suède un gros volume in-8o en partie complètement nul, et en partie complètement erroné.