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à cinq seulement sont dans le parti de l’opposition. Les autres suivent sans hésiter la marche du gouvernement.

Le prix des journaux, en Suède, est moins élevé encore qu’en Danemark. Ceux de Stockholm, qui paraissent six fois par semaine, ne coûtent pas plus de 20 francs par an. Ceux des provinces, qui paraissent deux ou trois fois par semaine, coûtent 8 à 10 francs, et celui de Hernœsand, le plus septentrional de tous, ne coûte que 4 francs. Les annonces se paient, un ou deux sous par ligne. Il résulte de cet excessif bon marché que les colonnes des journaux, des grands comme des petits, sont inondées d’une foule de réclames, d’avertissemens, de prospectus qui enlèvent à ces feuilles une place qu’elles pourraient employer bien plus utilement à traiter des questions de politique, de littérature ou d’industrie.

Les abonnemens se font par les directeurs des postes, qui sont personnellement intéressés à distribuer avec exactitude les numéros dont ils sont chargés. Malheureusement les moyens de communication ne sont ni très rapides ni très fréquens. La poste n’arrive à Upsal, la capitale scientifique de la Suède, que deux fois par semaine, plus loin tous les huit jours, à Torneo tous les quinze jours, et à l’extrémité septentrionale du royaume une fois par mois.

La partie littéraire de la presse n’est pas moins représentée en Suède qu’en Danemark. La guerre des classiques et des romantiques ayant cessé, les journaux qui leur servaient d’organe, l’Aurore, le Polyphème, l’Iduna, ont disparu l’un après l’autre de l’arène, comme des champions qui, n’ayant plus d’adversaires à combattre, déposent les armes et se retirent dans leurs foyers. Il y avait cependant encore dans ces derniers temps à Upsal une Revue mensuelle, qui se distinguait par des tendances sérieuses et une certaine élévation de talent ; mais elle est tombée pour faire place à une pauvre petite feuille intitulée Eos, qui ne publie que de pâles lambeaux de vers et d’ignorans bulletins.

Geiier l’historien a rédigé à lui seul pendant deux années un recueil mensuel de critique, dans lequel il a tour à tour abordé, avec son beau talent et sa profonde sagacité, les plus hautes questions de littérature, d’histoire et d’économie politique. Malheureusement il n’avait pour but que de parcourir un cercle d’études déterminé, de dire son opinion sur un certain nombre de choses. Ce cercle est parcouru : il le quitte, et retourne à ses chroniques nationales.

Les journaux politiques n’ont point de feuilleton régulier. De temps à autre seulement, ils publient un article de critique, une traduction de nouvelle, un récit de voyage. Dans le Dagligt-Allehanda, cette partie littéraire est ordinairement d’une niaiserie désolante. Dans le Statstidning, elle a encore toute la raideur et la sécheresse des vieilles formes classiques ; dans l’Aftonblad, elle est plus spirituelle et plus variée.

En Norvége, la presse est libre. Nul citoyen, dit l’article 9, § V, de la constitution, ne peut être mis en accusation pour avoir publié ou répandu un écrit quelconque, à moins que cet écrit ne porte atteinte aux lois, à la religion, aux mœurs, au gouvernement constitutionnel, ou qu’il ne renferme des asser-