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L’INDUS. — LE SINDH.

Son territoire est borné au nord et à l’est par une chaîne de hautes montagnes appelée dans le pays le Pob, à l’ouest, par la chaîne des monts Lakki, prolongement du Hala, au sud par la mer. L’espace intermédiaire est une plaine aride presque entièrement dépourvue de végétation, et parsemée çà et là de noirs rochers dont les blocs confus semblent témoigner de quelque convulsion intestine de ce sol désolé. À la distance de 8 milles environ de Karatchi, et dans les seuls lieux peut-être dont l’aspect repose un peu le regard qu’attriste sans cesse l’infertilité poudreuse et monotone de ce pays, au milieu de bosquets de dattiers et des tombes de saints musulmans, on a trouvé des sources d’eau chaude dont les propriétés médicinales n’ont point encore été constatées par les Européens. Dans le voisinage immédiat de ces sources, et dans les mares qu’elles alimentent, se voient un grand nombre de crocodiles qui sont non-seulement respectés, mais protégés et nourris par les fakirs. Un jour viendra sans doute où le territoire de Karatchi, utilisant enfin le voisinage des cours d’eau dont il paraît être entouré, et changeant par degrés de nature sous la main intelligente de ses possesseurs actuels, se revêtira de verdure et produira en abondance des légumes et des fruits. En attendant, on trouve quelques légumes dans les rares jardins ou terrains cultivés décorés de ce nom, aux environs de la ville. Le poisson et le gibier sont à très bon compte, ainsi que la volaille. L’eau est remarquablement saine et abondante, quoique ce soit de l’eau de puits. Enfin, comme si la nature eût tenu à dédommager les habitans de ce district des bois touffus, des gras pâturages, des riches moissons qui leur sont refusés, le climat de Karatchi est un des plus beaux de la terre ; l’air est vif et pur, les chaleurs sont très modérées, les maladies y sont rares et les convalescences promptes ; en un mot, tout semble indiquer que, comme station militaire et comme entrepôt commercial, les Anglais ne pouvaient choisir dans ces parages un poste qui fût plus à leur convenance. La population actuelle de Karatchi peut être estimée à huit ou dix mille ames, et augmentera rapidement selon toute apparence.

Le gouvernement de l’Inde a fait commencer dès 1836 l’exploration hydrographique de l’Indus. À la fin de cette même année, le travail des ingénieurs n’embrassait encore que la partie du cours du fleuve entre Hyderabad et la mer. Ce que nous connaissons de ce beau travail nous semble justifier les conclusions suivantes.

Les données fournies par Burnes sur la largeur moyenne de l’Indus, sa profondeur et le plus ou moins de facilité qu’il présente à la