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de longitude se trouve compris le Texas, parce qu’il faudrait, pour le faire même vaguement, une analyse trop minutieuse de ses élémens territoriaux. On évalue sa surface à 165,000 milles carrés, ou 104,560,000 acres anglaises, ce qui équivaut approximativement à 42,000,000 d’hectares. Il y a donc assez de place pour un grand peuple sur un territoire aussi étendu, quoique ces chiffres soient bien loin des 4 ou 500,000 milles carrés assignés par M. Chester Newell à la superficie du Texas. Laissons là ces détails arides, et occupons-nous de la physionomie du pays. Il suffit de jeter un coup d’œil sur la carte pour voir que le Texas est une des contrées les mieux arrosées qu’il y ait au monde. En allant de l’est à l’ouest, on n’y compte pas moins de neuf fleuves ou rivières considérables, qui sont le Rio-Nueces, le San-Antonio, le Guadalupe, le Colorado, le Brazos, le San-Jacinto, le Rio-Trinidad, le Naches et la Sabine : le plus grand nombre ont leur embouchure dans le golfe du Mexique ; les autres se jettent, non loin de la mer, dans le fleuve principal qui y verse directement ses eaux. Une multitude de cours d’eau secondaires sillonnent de tous côtés la plaine immense, dont les profondeurs sont accessibles, sur une direction presque uniforme du nord-ouest, en partant de la mer, par les grands fleuves que je viens d’énumérer. De la Sabine au Rio-Bravo, cette plaine est pour ainsi dire entièrement de niveau sur le littoral du golfe, et peu élevée au-dessus des eaux de la mer. Plus onduleuse à mesure qu’on remonte vers le nord, elle se couvre de quelques collines à l’est, entre le bassin de la rivière Rouge et celui du Rio-Trinidad, et elle présente à l’ouest une chaîne de montagnes assez hautes, à laquelle on a donné le nom de Sierra de San-Saba.

Les cours d’eau qui sillonnent le Texas se ressemblent tous ; ils sont tous profondément encaissés dans les couches meubles de la prairie, et offrent cette physionomie torrentueuse qu’affectent la plupart des rivières de la Nouvelle-Espagne ; la navigation y est quelquefois arrêtée par des rapides, et presque tous ont à leur embouchure des barres dont le passage n’est pas toujours sans danger. La première que j’ai vue est celle du Poisson-Rouge, à l’embouchure du San-Jacinto, dans la baie de Galveston. Celle de Brazos nuira certainement à l’importance que prend la ville naissante de Velasco ; mais il y a trop d’activité dans la race anglo-américaine pour que ces obstacles naturels ne soient pas bientôt détruits, vaincus ou éludés, partout où la chose sera possible. C’est ainsi qu’en 1838 j’ai vu disparaître le raft qui avait obstrué jusqu’alors la navigation du Colorado, un des plus beaux fleuves du Texas. Un peu au-dessus de l’em-