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LES MISSISSIPIENS.

LA MARQUISE, de même.

Le duc !… nous voilà sauvées.


Scène v.


LE DUC, LA MARQUISE, JULIE, SAMUEL.
LE DUC.

Quoi ! monsieur, Julie en cet état ? Et vous êtes ici, M. de Puymonfort ?

SAMUEL, à part.

À la bonne heure, voilà un homme qui ne craint pas de s’écorcher la langue… (Haut.) Eh bien ! monsieur le duc, n’est-ce pas ma place ?

LE DUC.

Pas encore, mon cher ami. Vous tourmentez la pudeur de votre femme… Allons ! un homme comme vous sait son monde ! Laissez cette enfant avec sa mère. Elles ont à se dire des choses que vous n’êtes pas censé deviner.

(Il passe son bras familièrement sous celui de Samuel et l’emmène.)
SAMUEL, à part.

Celui-là me flatte… hem ! je ne m’en vas pas pour long-temps. (Ils sortent.)


Scène vi.


JULIE, LA MARQUISE, puis LE CHEVALIER.
JULIE.

Ah ! j’en mourrai… Cet homme me fait horreur !

LA MARQUISE.

Il t’aime beaucoup, mon enfant, et son empressement le rend indiscret. Il faudra lui apprendre à vivre, et ce sera un excellent mari.

JULIE, pleurant.

Et Léonce !… (Le chevalier sort du cabinet et se jette à ses pieds.)

LA MARQUISE.

Mes enfans, mes enfans ! ayez du courage !

LE CHEVALIER.

Vous ne voulez pas qu’elle meure ? Vous ne la livrerez pas à ce rustre ! Ah ! Julie, je le tuerai plutôt !

LA MARQUISE.

Eh ! pour Dieu, ne parlez pas si haut. M. Bourset est ici près… J’entends sa voix. (Elle court fermer la grande porte du salon en dedans.)

JULIE.

Léonce, il faut nous séparer à jamais !

LE CHEVALIER.

Est-ce vous qui l’ordonnez ?… Non, Julie, ce n’est pas toi !

(Il l’entoure de ses bras.)