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institué un cours de médecine légale dont les frais, montant à cent onces par an, devaient être supportés par la province ; je ne sais si cette fondation a été maintenue par les révérends pères jésuites qui ont repris la direction de l’éducation publique en Sicile. J’ajouterai ici quelques détails que j’ai recueillis sur l’état de l’enseignement à Catane, qui passe pour la ville la plus érudite de la Sicile. Vers 1828, l’intendant de la province ayant ordonné un recensement des écoles, on reconnut que Catane renfermait vingt écoles primaires où se trouvaient trois mille cinq cents élèves, sans compter ceux qui recevaient l’instruction dans leurs familles, et ceux qui étaient envoyés, aux frais de la commune, hors du royaume pour étudier les arts et les sciences. J’ignore le nombre de ces élèves, mais la commune payait pour chacun d’eux 320 ducats. Je crois, sans oser l’affirmer, que l’aimable et célèbre Bellini, dont la famille vit à Catane dans une condition très modeste, figura, il y a quelques années, parmi les jeunes pensionnés de la ville de Catane.

En 1821, un homme de bien, le chanoine Mario Coltraro, établit dans Catane quatre écoles d’enseignement mutuel, selon la méthode de Bell et de Lancaster. La caisse communale en fit les frais. Dans la quatrième de ces écoles, on enseigne la géographie de la Sicile, science déjà abstraite et indispensable pour un Sicilien, le système métrique et le dessin linéaire. Un grand progrès, peu facile à accomplir, surtout en cette partie de l’Italie, s’est opéré dans les quatre écoles. On y a supprimé les verges et la férule. Pendant le temps de mon séjour, on se préparait à ouvrir trois écoles semblables pour les jeunes filles, et une somme annuelle de 600 ducats avait été votée à cet effet par le conseil de la ville.

Après avoir aboli le collége noble des jésuites, en 1780, le roi Ferdinand fonda à Catane un collége des arts et métiers pour les enfans des pauvres étudians, à la tête duquel fut placé Joseph Sedici, habile horloger de Palerme, et dès-lors les travaux d’horlogerie de Catane acquirent une véritable importance, au-delà même de la Sicile. Ce furent aussi les élèves sortis de cette institution qui portèrent au degré de perfection où elle est aujourd’hui à Catane la fabrication des chapeaux, des étoffes de soie, ainsi que les produits métallurgiques, tels que le fer et l’acier. Si les progrès des autres genres de fabrication ne sont pas aussi rapides, c’est que les ouvriers formés dans l’institution royale ne trouvent pas facilement les capitaux nécessaires pour faire valoir leurs connaissances spéciales, et sont forcés d’exercer leur métier à l’aide des anciens procédés usités dans les fabriques où