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SALON DE 1840.

voir qu’un jeune homme épuisé, haletant ; au lieu d’un personnage tragique, nous n’avons qu’une figure d’étude.

Ces considérations résument assez nettement toute notre pensée sur le salon de cette année. Ce qui manque en effet à la plupart des ouvrages de statuaire et de peinture, souvent même à ceux qui se recommandent d’ailleurs par des qualités solides, c’est une grandeur, une harmonie que les artistes chercheraient vainement dans l’imitation littérale de la nature, et qui ne relève que de la pensée. Si les statuaires et les peintres de nos jours veulent obtenir une gloire durable, il faut qu’ils se pénètrent profondément d’une vérité qui semble aujourd’hui méconnue. Le modèle humain le plus riche, le paysage le plus séduisant ne peut être imité heureusement qu’à condition d’être interprété par l’intelligence du peintre ou du statuaire ; la reproduction littérale de la réalité ne pourra jamais enfanter que des ouvrages incomplets.


Gustave Planche.