Cassandrino, comme on voit, serait dans l’occasion un diplomate consommé.
Plus tard, nous retrouvons Cassandrino sur le chemin de la villa Borghèse. Il vient de se marier et cherche à s’étourdir. Il tient sous le bras la nouvelle épousée, et, se mettant au niveau de sa compagne, il chante de sa voix de tête ces jolis couplets d’une chansonnette populaire :
Or che ottobre e retornata
Sposa mia deletta e bella
Vuo, che andiamo in carretella,
Fuori, e dentrò la città
A Testaccio o Tor di Valle.
La faremmo i maccaroni,
Con buonissimi bocconi
Lieti noi sareni colà[1].
L’eminente, qui, maintenant qu’elle est mariée, n’a plus de ménagemens à garder, lui répond très lestement :
Se non ho l’abbito nuovo
Con un altro cappelleto,
Sposo mio, comme ci metto
La campagna a passagiar.
Che diran l’altre paine ? etc.[2].
Cassandrino s’exécute d’assez bonne grace et promet la robe et le bonnet.
— Ce n’est pas assez, lui dit la nouvelle épouse ; je trouve ridicule votre manière de vous habiller ; qui est-ce qui porte un habit rouge, un vilain chapeau à trois cornes, et des souliers à boucles ? Pourquoi n’êtes-vous pas costumé comme tous ces beaux étrangers que nous rencontrons dans le Corso ? — Cassandrino avoue modestement que jusqu’alors il avait cru que ses agrémens personnels devaient suffire, mais qu’à l’avenir il se mettra à la dernière mode. Ces conditions faites, sa femme lui permet de l’embrasser. Cassandrino lui serre amoureusement la taille, et tous deux disparaissent dans les bosquets de la villa Borghèse.
Cassandrino à sa toilette est excellent. Il endosse un paletot dans
- ↑ Maintenant qu’octobre est revenu, ô ma belle et chère épouse ! je veux que nous allions nous promener en carrosse dans la ville et ses environs, au mont Testaccio ou à Ter di Valle ; là nous mangerons des macaroni et toute sorte de bonnes choses ; là nous nous mettrons en gaieté.
- ↑ Si vous ne me donnez pas une robe neuve avec une autre coiffure, puis-je aller me promener, mon cher mari ? Que diraient de moi les autres filles, etc. ?