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SITUATION FINANCIÈRE DE LA FRANCE.

le titre d’Histoire financière et statistique de l’empire britannique[1]. Le premier volume, purement historique, présente des recherches fort curieuses sur les accroissemens de la fortune publique, sur l’impôt, la dette et les deux centres d’action du monde financier, la Banque et la Bourse. Le second volume offre le bilan général de cette grande société commerciale qualifiée du nom d’empire britannique, et se termine par le plan d’une liquidation gigantesque. Plein de foi dans son système, l’auteur le présente comme la seule chance de salut laissée à la Grande-Bretagne ; mais c’est là un travers sur lequel nous aurions tort d’insister, puisque nous lui devons un entassement de matériaux qu’on ne fouillera pas sans profit, et dans lequel nous avons trouvé nous-même des documens fort instructifs pour la question à l’ordre du jour.

D’après les calculs de M. Pebrer, la somme des richesses appartenant en propre aux sujets de l’Angleterre équivaut aujourd’hui à près de 140 milliards de francs[2]. Sur cette somme, une contribution de 9 1/4 pour 100, frappant toutes les familles, à l’exception de celles dont l’avoir commun ne dépasse pas 30 livres sterling ou 750 francs, et une autre contribution, atteignant dans une égale mesure le revenu des fonctions publiques, des professions libérales, et même les salaires, en respectant ceux de classes nécessiteuses, suffiraient pour rembourser au pair la dette nationale, jusqu’à concurrence de 500 millions de livres sterling (12,500,000,000 de francs). Le versement devrait être effectué en huit paiemens et dans l’espace de deux ans, et aussitôt l’impôt foncier serait réduit au tiers, les taxes qui entravent l’industrie et affectent les objets de première nécessité seraient intégralement supprimées. Les deux mesures, étant simultanées, se simplifieraient l’une par l’autre, de telle sorte que le dégrèvement obtenu par le contribuable réduisît d’autant sa quote-part dans la contribution exceptionnelle. Au premier aperçu, le projet est spécieux. Il est certain que chacun abandonnerait volontiers un dixième de son capital pour être affranchi à tout jamais de la surcharge d’impôts occasionnés par les dettes publiques. Mais la réflexion suscite bien des doutes, et nous ajouterions une longue série d’objections à celles que M. Pebrer se présente à lui-même pour se donner le plaisir de les résoudre, s’il ne nous semblait pas hors de propos de discuter un projet sans application possible dans notre pays.

Un troisième moyen pour l’extinction des dettes publiques consiste à faire

  1. La traduction française de M. Jacobi, avocat, vient d’obtenir les honneurs d’une seconde édition, continuée jusqu’aux dates les plus récentes. — 2 vol. in-8o, avec 149 tableaux ; chez Bellizard, rue de Verneuil.
  2. Sous le nom de propriété publique, M. Pebrer comprend tous les édifices religieux, civils ou militaires, les voies de communication, les arsenaux, les chantiers, le matériel de guerre, et enfin les richesses mobilières de la nation.

    La propriété particulière est divisée en valeurs productives et en valeurs non-productives. La première section comprend les constructions, les terres cultivées, les mines, les manufactures et marchandises, le bétail, etc. La seconde section est consacrée aux terres non-cultivées, aux effets mobiliers et usuels, au numéraire en circulation, aux sommes en dépôt, etc. Une pareille estimation laisse certainement