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préparer les élémens. Ne vous semblerait-il pas, monsieur, que chaque fois qu’un ajournement deviendrait nécessaire, il serait plus digne de ce corps et plus utile aux sciences de renvoyer l’élection à une époque bien plus éloignée, à cinq ans, par exemple, temps suffisant pour faire surgir de nouveaux candidats ? Je le répète : la division en sections, le respect des spécialités et un délai convenable accordé aux savans pour préparer des travaux considérables, voilà à mes yeux des conditions essentielles pour que l’institut conserve toujours la prééminence qu’il a acquise et dont il ne veut pas déchoir.

Les rapports que les différentes académies ont établis à l’extérieur par les correspondans et les associés étrangers sont d’une grande importance pour l’Institut, et l’on doit procéder aux élections de cette nature avec calme et maturité. Les associés, au nombre de huit pour chaque académie, sont choisis parmi les hommes les plus éminens dans toutes les branches des connaissances humaines. Ce sont les plus belles places académiques du monde, et l’on sait qu’un savant célèbre prenait dans ses ouvrages la qualité d’associé étranger, de l’Académie des Sciences de Paris, dont il n’y en a que huit. Les correspondans sont plus nombreux. À l’Académie des Sciences, ils sont, comme les membres titulaires, divisés en sections, et l’on conçoit qu’être un des huit correspondans pour la section de géométrie, ou l’un des huit botanistes vivans auxquels l’Institut accorde le titre de correspondant, est un honneur assez rare, assez ambitionné pour que l’on procède à ces sortes de choix avec la plus grande réserve. Cependant il se présente ici une difficulté réelle que l’Académie des Sciences n’a pas encore levée, mais qui n’existe plus à l’Académie des Inscriptions. Cette difficulté tient à la nécessité de protéger la culture des sciences dans toute l’étendue de la France, d’encourager ceux qui s’y livrent avec zèle et succès, et qui cependant, s’ils devaient lutter avec tous les savans de l’Europe, ne sauraient toujours l’emporter, surtout après qu’on a prélevé sur le pays les soixante cinq membres titulaires dont se compose l’Académie des Sciences. Il arrive quelquefois que cette académie, sur la demande d’une section, nomme un de nos savans de préférence aux étrangers, quoiqu’en réalité ce choix ne soit pas le plus scientifique. Il me semble qu’il y aurait lieu à suivre en cela l’exemple de l’Académie des Inscriptions, qui a créé des places de correspondans nationaux et de correspondans étrangers. Toute la difficulté disparaîtrait ainsi ; seulement il ne faudrait pas, à mon avis, imiter la même académie dans une décision récente, d’après laquelle les anciens correspondans qui