Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 22.djvu/546

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
542
REVUE DES DEUX MONDES.

démie des Sciences est revenue, il y a quelques années, sur ce sujet. On a fait choix, à cette occasion, d’un conservateur des collections qui réunit toutes les qualités désirables, mais les collections ne sont pas formées, et ce projet, qui semblait devoir exercer une influence si heureuse sur les travaux de l’académie, n’a pas eu d’autres suites. Il faut espérer qu’on le reprendra, et que l’on donnera à l’Institut un complément destiné, à mon avis, à produire les plus utiles résultats ; car non-seulement les sciences pourraient s’enrichir de faits nouveaux, mais les communications fréquentes et familières qui s’établiraient à cette occasion entre les académiciens contribueraient à ranimer cet esprit de corps si nécessaire à la vie et au progrès de toute association, et qui malheureusement paraît s’affaiblir tous les jours davantage à l’Institut en général, et à l’Académie des Sciences en particulier, où les membres, ne se voyant guère qu’une fois par semaine et devant un public nombreux, sont toujours forcés de s’observer et de mettre dans leurs relations mutuelles quelque chose d’officiel, qui ne favorise nullement les liaisons amicales. Si l’on parcourt l’histoire de l’ancienne Académie des Sciences, ou de la société royale de Londres, on verra qu’autrefois les académiciens se réunissaient et faisaient en commun un grand nombre d’expériences et d’observations qui étaient souvent répétées devant ces illustres sociétés assemblées. Les travaux de cette nature sont devenus extrêmement rares de nos jours, surtout à cause du défaut d’instrumens et de moyens dont je voudrais voir doter l’Institut. Si pour arriver à ce but il était nécessaire de faire un appel aux chambres, on doit penser qu’elles ne refuseraient pas de répondre aux vœux des hommes compétens.

Cependant cet espoir pourrait peut-être sembler mal fondé aux personnes qui observent avec attention ce que l’on fait chez nous pour les savans, et qui examinent l’état de l’opinion publique à leur égard. Sans doute, si l’on compte le nombre des établissemens de Paris destinés à l’enseignement et à la propagation des sciences, on se persuadera facilement que nulle part on ne trouve rien qui soit comparable à ce qui existe en France ; mais, si l’on fait beaucoup pour les sciences, il ne semble pas que l’on fasse autant pour les hommes qui les cultivent et qui se vouent à leur progrès. Je n’ignore pas que cette assertion semblera tout-à-fait extraordinaire dans le public, où l’on ne cesse de réclamer contre le cumul des places qu’occupent quelquefois les savans. Mais, à cet égard, mon opinion est tellement arrêtée depuis long-temps, qu’au risque même de sou-