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soit dans la manière de les résumer et de les exposer dans les circonstances solennelles, l’activité et le talent des secrétaires perpétuels, qui sont les organes officiels de chaque académie, doivent avoir une influence marquée. Je me suis suffisamment étendu dans ma première lettre sur le mérite de MM. Arago et Flourens, secrétaires perpétuels de l’Académie des Sciences, et il faut reconnaître que là comme dans les autres académies on aurait difficilement trouvé des hommes plus distingués que ceux qui ont été choisis, et plus dignes d’être les interprètes de l’Institut auprès des savans. La parole grave et mesurée de M. Daunou, en qui on ne sait pas si l’on doit plus admirer le noble caractère que l’immense savoir, est bien faite pour rendre compte des travaux austères de l’Académie des Inscriptions, dont les publications se poursuivent avec une activité digne des éloges du public, qui s’arrête trop, à mon avis, à quelques critiques de détail, et ne remarque peut-être pas assez l’Histoire littéraire de la France, la Collection des historiens des Gaules, les Ordonnances des rois de France, la suite du Brequigny, la Collection sur les Croisades, les Notices des Manuscrits, et d’autres grands ouvrages que, sans parler des Mémoires, cette docte compagnie fait paraître. L’élégance du style, la pureté de langage, l’érudition spirituelle de M. Villemain le désignaient naturellement au choix de l’Académie française, qui a pu se convaincre, dans ces derniers temps, que son secrétaire perpétuel est aussi un éloquent orateur. L’Académie des Sciences morales et politiques a trouvé dans M. Mignet un guide sûr, un représentant zélé et intelligent, également propre à écrire avec esprit et facilité l’éloge de Talleyrand, et à préparer longuement, par d’immenses travaux, l’histoire des révolutions politiques et religieuses des peuples. Soit par sa composition, soit par l’objet de ses travaux, cette académie est destinée à jouer chez nous un rôle qui deviendra tous les jours plus important : elle doit cependant s’efforcer à tout prix de rester dans les théories et dans les principes généraux, et ne pas descendre aux applications journalières, pour éviter de jamais devenir une arène politique ou une succursale de la chambre des députés. Enfin, quels que soient les regrets qu’a dû laisser l’illustre auteur du Jupiter olympien au moment où il résignait des fonctions qu’il avait si honorablement remplies, c’est avec une vive satisfaction que l’on a vu M. Raoul-Rochette succéder à M. Quatremère de Quincy dans la place de secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux-Arts, et apporter à cette académie les connaissances spéciales d’un érudit avec l’activité et la verve d’un artiste. Les progrès de l’art en France sont plus