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caste brahmanique se font remarquer entre toutes. Le cou, les épaules et la poitrine sont ravissans, les membres en général d’une rare délicatesse et d’un moule exquis, les mouvemens aisés, nobles et gracieux à la fois ; le contour de la face du plus bel ovale grec, le nez long et droit, la lèvre supérieure admirablement modelée, la bouche petite, le menton rond. Les yeux, ombragés de longs cils noirs et surmontés de sourcils élégamment arqués, sont grands, noirs, humides et étincelans d’expression. Il est difficile en un mot de rien voir de plus gracieux qu’une femme hindoue de haute caste, et il n’est pas jusqu’à la teinte dorée de cette peau si douce, si unie, si lustrée, dont le ton riche, chaleureux et diaphane, n’appelle le regard et n’excite l’admiration.

L’opinion paraît hésiter, quant à la supériorité morale et intellectuelle, entre la race hindoue et la race musulmane. Nous croyons que, sous le rapport de l’aptitude, de la pénétration et de l’intelligence, les Hindous sont au moins égaux aux Musulmans, et sous le rapport des qualités morales, des habitudes et surtout des penchans de l’une et l’autre nature, nous n’hésitons pas à donner la préférence aux sectateurs de Brahma. Nous considérons la population hindoue comme la plus propre à concourir au grand œuvre de la civilisation de l’Asie centrale. L’empire anglais dans l’Inde lui doit ses richesses agricoles, ses commerçans les plus actifs et les plus habiles, ses meilleurs soldats (fait remarquable, et qui suffit à lui seul pour prouver combien on s’était formé une idée fausse du caractère hindou) ; elle lui devra ses meilleurs administrateurs, ses agens les plus dévoués, et peut-être, au jour d’épreuve, ses alliés les plus fidèles et ses plus intrépides défenseurs. Mais il manque encore à cette masse intelligente et soumise ce qui manque, hélas ! à plus d’un peuple aujourd’hui : la confiance dans l’avenir.

Tel est, esquissé à grands traits, le tableau général des divisions politiques, militaires, administratives, de la population, de l’organisation et des ressources de l’empire hindo-britannique. Jamais, à aucune époque de l’histoire et dans aucune partie du globe, si l’on en excepte l’empire chinois, une si vaste étendue de pays, une population aussi considérable, des élémens aussi variés d’industrie, de commerce, de civilisation, n’ont été soumis à un pouvoir unique et dirigés immédiatement par une seule volonté. Jamais un aussi grand ensemble, un système aussi compliqué de gouvernement, une domination aussi immense et offrant cependant quelques chances d’avenir, n’avaient été le résultat de la conquête. Il nous reste à examiner