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L’HINDOUSTAN. — AFFAIRES DE CHINE.

blement adaptées à l’établissement d’une monarchie tempérée par une représentation nationale dont tous les élémens sont pour ainsi dire sous la main. Nous l’avons déjà dit, Shâh-Soudjah et sir William Macnaghten doivent songer, avant tout, à imprimer aux relations de l’Afghanistan avec les provinces de Balkh et de Bôkhara d’un côté, avec les peuples qui habitent le Paropamise[1] et le petit royaume d’Hérat de l’autre, le caractère de stabilité et d’influence qui leur manque depuis si long-temps. Les dispositions vacillantes de Shâh-Kamrân et le peu de sympathie de son visir Yâr Mohammed pour l’alliance anglaise, paraîtraient, d’après les derniers avis, avoir causé quelque inquiétude au gouvernement suprême ; mais le fait est que nous manquons de renseignemens sur tout ce qui se passe sur les frontières de la Perse et le versant septentrional de l’Hindou-Koush.

En soumettant à nos lecteurs le résultat de nos recherches sur l’état actuel des Indes anglaises, nous avons eu surtout pour but de fournir aux esprits sérieux en général, aux hommes politiques en particulier, des données précises sur les questions dont la solution intéresse l’avenir de l’Asie centrale et de l’extrême Orient. Nous avons dû donner plus d’attention aux questions tout récemment débattues, et c’est ce qui nous a déterminé à nous occuper avec quelque détail de l’Afghanistan et de l’Indus. Hérat et les pays du bassin de l’Oxus, qui ont été long-temps dans la dépendance de l’Afghanistan, méritaient d’être étudiés à part, en les envisageant surtout sous le point de vue de la question politique et commerciale qui se débat entre l’Angleterre et la Russie. Nous avions eu l’intention de leur consacrer un article séparé ; mais sans renoncer à revenir plus tard, et sous une autre forme, à cet important sujet, nous avons senti la nécessité de nous borner dans notre travail actuel à des indications sommaires et à quelques considérations qui se rattachent plus particulièrement au tableau général que nous avons tracé de la domination anglaise dans l’Inde.

Les probabilités d’une invasion des Indes anglaises par la Russie, à une époque plus ou moins rapprochée, ont long-temps occupé et occupent encore les esprits. Les uns ont regardé cette expédition

  1. Les habitans actuels du Paropamise, quoique tous descendus de la race tartaro-moghole, se divisent en deux peuples, celui de l’est et celui de l’ouest, les Eimâks et les Hazaréhs, dont les mœurs, les habitudes, le langage, le gouvernement, diffèrent entièrement de ceux des Afghans. Occupant, selon toute apparence, la patrie primitive de ces derniers, et placées entre l’Afghanistan et la Perse, leurs