Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 22.djvu/962

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
958
REVUE DES DEUX MONDES.

porter des victoires décisives : ce fut lui qui amena la capitulation de Paris, l’abdication de Napoléon et le retour de l’ancienne dynastie.

Le traité du 30 mai, conclu entre Louis XVIII et les puissances alliées, posa les bases d’un remaniement général de l’Europe. La France fut réduite à ses limites de 1793, avec quelques modifications à son avantage ; la réunion de la Hollande et de la Belgique sous le sceptre de la maison d’Orange fut décidée, quoique non encore formellement énoncée ; l’Italie septentrionale fut donnée à l’Autriche ; quant à l’Allemagne, il fut dit formellement qu’elle formerait une confédération d’états indépendans. Cette stipulation vague et générale laissait le champ libre à bien des conjectures ; toutefois elle renversait définitivement les espérances de ceux qui auraient voulu la résurrection du vieil empire germanique. Il en résultait clairement qu’on allait établir quelque chose de tout nouveau, et dont il n’y avait pas d’exemple dans l’histoire, à savoir un état fédératif composé de rois et de princes, placés tous au même rang et sans aucune subordination hiérarchique des uns aux autres. Telle fut en effet la solution donnée au difficile problème de la reconstitution de l’Allemagne. Le traité de Paris avait posé les principes ; le congrès de Vienne, assemblé quelques mois plus tard, en régla l’application, et l’une de ses œuvres principales fut l’organisation actuelle de la confédération germanique. C’est cette œuvre que nous examinerons dans un prochain article, où nous essaierons d’apprécier les causes qui lui ont donné naissance, les modifications successives que les évènemens y ont apportées, et les résultats qui en sont sortis jusqu’à ce jour, tant pour l’Allemagne que pour l’Europe.


E. de Cazalès.