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Voici ce qui s’est passé depuis, et ce que nous racontons à regret. M. l’amiral Baudin avait demandé le déplacement d’un consul et la nomination à sa place d’un autre consul, tous deux résidant dans les mers du Mexique, et par conséquent fort étrangers aux affaires de la Plata. Le président du conseil avait refusé tout ce qui pouvait ressembler à des conditions imposées au gouvernement ; mais, après examen des faits, il avait reconnu que, dans l’intérêt du service, et en exécution du budget que les chambres viennent de voter, des nominations et des mutations dans le personnel consulaire pouvaient et devaient être faites. Il attendait, pour exécuter ces mouvemens, le vote du budget, lorsqu’il a reçu de Cherbourg, de l’amiral Baudin, la déclaration que si, sous trois jours, tel consul n’était pas nommé, tel autre révoqué, l’amiral donnerait sa démission. C’est à cette singulière sommation que le gouvernement a répondu en retirant à l’amiral son commandement. Il faut ajouter qu’avant cette mesure de rigueur il avait été écrit à M. Baudin des lettres pour lui faire sentir son erreur et le rappeler à la subordination de laquelle un officier ne doit jamais sortir.

Nous racontons ces faits uniquement pour réfuter les erreurs répandues par quelques journaux. L’amiral Baudin est un brave officier dont les services sont regrettables. Il s’est trompé, il le reconnaîtra lui-même. Mais il ne faut pas que le tort d’un officier soit une occasion d’accusations injustes contre le gouvernement.

L’amiral Makau, qui remplace l’amiral Baudin, est un officier plein de capacité et d’énergie qui a fait ses preuves en plus d’une occasion. Il est digne en tout point du commandement qui lui est confié.


— L’Académie des Sciences a tenu le 13 juillet sa séance annuelle, et, cette fois, nous aimons à en faire la remarque, cette solennité a eu lieu à l’époque fixée par l’usage et les règlemens. Le public a écouté avec un intérêt soutenu et une curiosité particulière une notice sur M. Frédéric Cuvier, lue par M. Flourens. Cet éloge est le premier que le secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences ait eu occasion de prononcer depuis son élection à l’Académie Française. C’était donc comme un premier et piquant essai de son prochain discours de réception. Pour être juste envers le savant naturaliste, nous devons dire que ce morceau, bien composé, est écrit dans un ton et dans des proportions parfaitement convenables. La clarté, la précision, la finesse du style, qui sont les véritables qualités du genre, attestent un écrivain délicat et exercé. Plusieurs morceaux ingénieusement pensés et écrits, un, entre autres, sur les limites de l’instinct et de l’intelligence dans les animaux, ont captivé à un haut degré l’attention de l’auditoire. M. Becquerel avait commencé la séance par la lecture d’un mémoire sur plusieurs applications nouvelles de l’électricité aux arts et à l’industrie, particulièrement sur la substitution de l’électricité aux procédés anciens dans l’exploitation des mines et la séparation des métaux. M. Becquerel a su mettre avec beaucoup d’art ces importans résultats de la science, dont quelques-uns lui appartiennent, à la portée des auditeurs. En