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ÉTUDES SUR L’ALLEMAGNE.

le temps s’écoula en discussions stériles et pédantesques sur des objets secondaires, et ces discussions même n’aboutissaient le plus souvent à aucune conclusion. Le rôle de l’assemblée fédérale fut donc très insignifiant pendant les quatre premières années de son existence, et c’est ailleurs que dans ses protocoles qu’il faut chercher l’histoire de cette période, qui fut pourtant, nous l’avons déjà dit, féconde en évènemens et en résultats.

À défaut d’institutions communes provenant de l’autorité suprême de la confédération, chaque état particulier dut recevoir de son souverain les institutions qu’il plairait à celui-ci de lui donner. De-là résulta naturellement une grande diversité dans la manière d’interpréter les obligations qu’imposait l’article 13 du pacte fondamental. « Dans tous les états de la confédération, disait cet article, il y aura une constitution d’états territoriaux. » Aucun terme n’étant fixé pour l’accomplissement de cette prescription, l’exécution pouvait en être retardée indéfiniment, à moins que la diète n’intervînt, ce qu’elle ne semblait pas disposée à faire. Dans le cas où les princes voudraient prendre l’initiative, les expressions de l’acte fédéral les laissaient dans l’incertitude sur la nature des constitutions qui devraient être établies. Suffisait-il, pour se mettre en règle, de faire revivre les anciennes assemblées d’états territoriaux où paraissaient seulement certaines classes et certaines corporations, ou bien fallait-il admettre le système d’une représentation nationale dans le sens des idées modernes et avec tout son cortége de garanties constitutionnelles, telles que la publicité des débats législatifs, la liberté de la presse, la responsabilité des ministres, etc. ? Comme la diète ne s’expliquait pas non plus sur ce point, l’une ou l’autre de ces deux interprétations devait être adoptée suivant les nécessités et les intérêts de chacun. Ce fut en effet ce qui arriva.

Une séparation tranchée ne tarda pas à s’établir entre l’Allemagne septentrionale et l’Allemagne méridionale, parce que les états du nord se bornèrent en général à conserver ou à rétablir l’ancien ordre de choses, tandis que les états du midi se rattachèrent presque tous aux idées nouvelles et donnèrent des constitutions dont les bases étaient à peu près analogues à celles de la charte française. Cette différence s’explique aisément par la diversité des antécédens et des positions. Dans une partie de l’Allemagne du nord, les grands mouvemens de la période napoléonienne n’avaient amené aucun changement essentiel, et les idées, les habitudes, les lois, y étaient restées à peu près telles qu’à la fin du siècle précédent. Dans l’autre partie,