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HUIT MOIS AU MINISTÈRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE.

tement ; je l’ai simplifié en retranchant une foule de détails littéraires, historiques et géographiques, où triomphait la mémoire, où périssait l’intelligence. Or, c’est l’intelligence qu’il s’agit de former ; l’instruction elle-même n’est qu’un moyen, l’éducation de l’intelligence est le but. Une épreuve nouvelle a été introduite, l’explication grammaticale et littéraire des classiques français. Enfin, pour qu’on ne pût accuser de partialité les jugemens des commissions d’examen, il a été prescrit que dans toutes les académies où il n’y aurait pas de facultés des lettres, l’examen eût lieu non plus dans l’enceinte du collége, mais en public, dans le bâtiment même de l’Académie, et encore que les censeurs et les proviseurs ne fissent plus partie de ces commissions. Ainsi constituée, l’épreuve du baccalauréat acquiert une autorité incontestée, et elle protège efficacement la société contre les vices ou les négligences de l’éducation privée.

Mais la réforme du baccalauréat ès-lettres eût été un contre-sens, si elle ne se fût appuyée sur la sérieuse entreprise d’améliorer l’intérieur de nos colléges, et d’en faire de plus en plus des établissemens modèles placés au-dessus de toute rivalité par la force des maîtres, la sévérité de la discipline et l’excellence du système d’études.

La division de l’agrégation des sciences, jusqu’ici unique, en deux agrégations distinctes, l’une pour les sciences mathématiques, l’autre pour les sciences physiques et naturelles, est un perfectionnement considérable apporté à l’enseignement scientifique. Quand je n’aurais pas fait autre chose pour les sciences, je croirais encore les avoir bien servies. La nécessité, pour se présenter à chacune de ces agrégations, de justifier du double brevet de licencié ès-sciences mathématiques et ès-sciences physiques, maintient cette généralité de connaissances indispensable à tout véritable savant ; et en même temps la division de deux ordres d’agrégation suscite des vocations spéciales, crée des professeurs plus profondément instruits et capables de donner un enseignement plus solide. Par là encore, les sciences naturelles, qui jusqu’ici n’avaient obtenu aucune place dans l’agrégation, y sont convenablement représentées, et leur enseignement si négligé acquiert une juste importance de la qualité même de ceux qui désormais en seront chargés, et qui devront avoir passé aussi comme tous les autres professeurs des colléges par un concours d’agrégation. Cela m’a permis d’introduire enfin à l’école normale le sérieux enseignement des sciences naturelles et d’établir dans la section des sciences deux divisions correspondantes au deux nouveaux ordres d’agrégation. Ce perfectionnement est, je crois, le der-