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« Écoutez, vous tous qui êtes pleins d’amour, mon esprit va chanter un chant d’amour et de concorde, un chant de grandes et belles choses. Une fille de sultan, élevée dans une terre païenne, s’en alla un jour au lever de l’aurore le long du parc et du jardin.

« Elle cueillit les fleurs de toutes sortes qui brillaient sous ses yeux, et elle se disait : Qui donc a pu faire ces fleurs, et découper avec tant de graces leurs jolies petites feuilles ? Oh ! je voudrais bien le voir.

« Je l’aime déjà du fond du cœur ; si je savais où le trouver, je quitterais le royaume du ciel pour le suivre. — Et à minuit voici Jésus qui arrive, et qui s’écrie : Jeune fille, ouvrez ! Elle se lève sur son lit et accourt en toute hâte.

« Elle ouvre la fenêtre et aperçoit le bon Jésus resplendissant de beauté. Elle le regarde avec tendresse, puis s’inclinant devant lui : — D’où venez-vous donc, dit-elle, ô mon noble et majestueux jeune homme ?

« Quel est le cœur qui pour vous ne s’enflammerait pas ? car vous êtes si beau ? Jamais, dans le royaume de mon père, je n’ai trouvé votre pareil. — Et moi donc, jeune fille, je te connais, je connais ton amour, apprends donc qui je suis : C’est moi qui ai créé les fleurs.

« — Est-ce bien vous, mon puissant seigneur, mon amour, mon bien-aimé ? Combien de temps je vous ai cherché, et maintenant que vous voilà il n’y a plus ni bien, ni patrie qui m’arrête ; avec vous je m’en irai. Que votre belle main me conduise là où il vous plaira.

« — Jeune fille, si vous voulez me suivre, il faut tout abandonner, votre père, vos richesses et votre beau palais. Votre beauté m’est plus précieuse que tout cela. C’est vous que j’ai choisie, c’est vous que j’aime. Il n’y a rien sur la terre d’aussi bien que vous.

« — Laissez-moi donc vous suivre où vous voudrez. Mon cœur m’ordonne de vous obéir, et je veux être à vous. Il prit la jeune fille par la main. Elle quitta cette contrée païenne, et ils s’en allèrent ensemble à travers les champs et les prairies.

« Le long du chemin, ils s’entretenaient avec gaieté l’un l’autre, et la jeune fille lui demanda son nom. — Mon nom, dit-il, est merveilleux. Par sa puissance, il guérit le cœur malade ; sur le trône élevé de mon père, tu pourras le lire.

« Donnez-moi tout votre amour, consacrez-moi vos sens et votre esprit. Mon nom est Jésus. Ceux qui m’aiment le connaissent bien. — Elle le regarda avec tendresse, et, se courbant à ses pieds, lui jura fidélité.

« — Comment, dit-elle, comment est votre père, ô mon beau fiancé ? Pardonnez-moi cette question. — Mon père est très riche. La terre et le ciel lui obéissent, l’homme, le soleil, les étoiles lui rendent hommage.

« Un million de beaux anges s’inclinent devant lui les yeux baissés ! — Si votre père est si puissant et si élevé au-dessus de nous tous, mon bien-aimé, comment donc est votre mère ?

« — Jamais il n’y eut dans le monde une femme aussi pure. Elle devint mère d’une façon miraculeuse sans cesser d’être vierge. — Ah ! si votre mère est si belle et si pure, de quelle contrée venez-vous donc ?

« — Je viens du royaume de mon père où tout est joie, beauté, vertu. Là