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LITTÉRATURE ANGLAISE.

« Cela fut vrai. La vie pour eux fut mauvaise. Lui savait bien qu’il avait brisé sa vie de jeune fille, et semé le trouble, le regret, la douleur et l’angoisse là où croissaient auparavant les tendresses et les plaisirs.

« Il souffrait, et la souffrance de la personne aimée lui rendait le supplice qu’il avait créé pour elle. La Douleur les suivait l’un et l’autre ; c’était leur page ; dans cette fête de l’Amour, la Douleur versait l’amer nectar et remplissait les deux coupes jusqu’aux bords[1].

« Ils demandèrent à leurs semblables un peu d’espoir. Non. La mort vint, qui leur donna l’espoir avec l’éternité. Puis on les pleura ; — le monde suivit sa route ; — et aujourd’hui comme jadis, ceux qui aiment aiment, et ceux-là se perdent. »


Les illuminations du Vatican, la bénédiction papale, les mystères et les légendes, compris dans le sens le plus entièrement catholique, ont inspiré à M. Milnes, membre du parlement, et tory ecclésiastique, des vers que l’énergie de l’expression, souvent la profondeur de l’idée, isolent et distinguent. C’est assurément une des intelligences les plus avancées et les plus actives de la jeune Angleterre ; il se livre hardiment et résolument à cette impulsion. Depuis l’an 1450 jusqu’au milieu du XVIe siècle, nul voyageur philosophe ne visita Rome sans en rapporter le mécontentement, la colère, la tristesse, souvent la haine. La réforme commençait alors. Cette cataracte qui a couvert le Nord de ses eaux, bondissait de son premier élan. Rome, en 1500, faisait des protestans. En 1840, elle fait des catholiques. La phase est terminée, la période est accomplie.

Il ne s’agit pas ici du mérite des doctrines protestante ou catholique, de leur lutte ou de leur supériorité. Il ne s’agit point de maudire ou de bénir. Au lieu de considérer le protestantisme comme frappé d’anathème ou marqué du sceau divin, si l’on abandonne la stérilité et la petitesse de ce point de vue, si l’on gravit cette hauteur de l’histoire qui ennoblit l’impartialité sans l’amollir par indifférence, on reconnaîtra la double place et la double mission des deux systèmes. L’un a créé l’Europe par la foi, l’autre a détruit et balayé par

  1. Thus, at love’s feast, did Misery minister
    And fill their cups together to the brim.

    They askt their kind for hope, but there vas none,
    Till death came by and gave them that and more ;
    Then men lamented — But the earth rolls on ; —
    And lovers love and perish as before.