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RÉVOLUTIONNAIRES ANGLAIS.

valeur personnelle et comme la responsabilité de leurs vertus et de leurs fautes. Je me propose de les détacher de cette mêlée et d’examiner de quelle façon chacun d’eux a concouru à l’œuvre commune. Pour abattre les victimes que j’ai montrées plus haut pour accomplir le sacrifice inévitable que le passé fait toujours à l’avenir, pour annuler la valeur militaire de Charles Stuart et frapper d’impuissance Laud et Strafford, il n’a fallu rien moins que les efforts réunis des combattans populaires que j’ai cités et de plusieurs autres que je nommerai ensuite ; ce sont les Danton, les Camille Desmoulins, les Mirabeau, les Barnave de ce temps. Demi-dieux ou démons pour le vulgaire, adorés ou maudits plutôt que jugés, adorés alors même qu’ils sont de fange, maudits même dans les vertus qui les rachètent ou les relèvent, ils offrent aux époques postérieures et indifférentes, telle qu’est la nôtre, un beau sujet de curiosité analytique. Nous pouvons aujourd’hui les blâmer sans les maudire et les comprendre sans les adorer. Rien ne nous force plus à transformer leurs cruautés ou leurs faiblesses en héroïsme. Vainqueurs et vaincus, on peut les apprécier avec une impartiale hauteur, les plaindre alors même qu’ils sont coupables, les admirer alors même qu’ils succombent. Il est vrai qu’il faut apporter à ce travail un désintéressement parfait et l’oubli de toutes les idées de parti ; l’impartialité souveraine est le vrai génie de l’histoire.

Jean Pym, l’un des plus oubliés et des plus marquans parmi les fondateurs de la république d’Angleterre, fils d’un écuyer de Somersetshire, naquit à Brymore, dans le domaine paternel, en 1584. Élevé à Oxford, parmi les jeunes gentilshommes du pays, il dut à la protection du duc de Bedford, alors chef de l’opposition, une place de comptable dans les bureaux de l’Échiquier, c’est-à-dire au trésor, et conserva cette situation jusqu’en 1614, époque où le bourg de Calne l’envoya siéger au parlement. Il avait trente ans. Vers le même temps, il épousa miss Hooker, fille d’un gentilhomme de son comté ; pendant les six années que dura son mariage, l’obscurité la plus profonde couvre sa vie. Mais en 1620, il perd tout à coup sa femme et sa mère ; et, revenant s’asseoir au parlement à côté de Wentworth, du même âge que lui, comme lui ennemi de la cour, il commence avec une espèce de fureur cette guerre contre le trône dont nous verrons les résultats. Dès ce moment, il n’a plus de vie privée ; on ne le rencontre plus, on ne l’aperçoit plus que sur le champ de bataille du parlement.

Tous les grands coups qui ruinèrent la monarchie absolue, depuis