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RÉVOLUTIONNAIRES ANGLAIS.

communes me chargent de représenter à vos seigneuries, que dorénavant vos seigneuries ne doivent point prendre connaissance des débats des communes avant que les communes vous en aient officiellement informées. » Cette réclamation et le ton de Pym n’ont pas besoin de commentaire. À son retour, les communes lui votent des remerciemens solennels, et bientôt après le parlement est dissous.

On ne résiste, on ne proteste pas contre cette dissolution ; les choses étaient trop avancées. « D’où vous vient cette tristesse, à vous, ordinairement si gai ? » demandait Saint Jean, membre de l’opposition, au royaliste Clarendon. — « Et vous, ordinairement si triste, d’où vous vient cette gaieté ? » — « De la même cause, mylord. Les affaires vont admirablement mal. »

En effet, Charles Ier était vaincu partout. Pym ne se repose pas ; habitant la Cité de Londres, il rassemble chez lui tous les seigneurs mécontens, tous les bourgeois de son parti, et les anime à continuer le combat ; ce qui n’avait été qu’un complot parlementaire devient une conspiration véritable. Les conjurés se réunissent au château de Broughton, chez lord Say, dans l’Oxfordshire ; ils entrent sans être vus, par un passage secret, et pénètrent dans une chambre d’où on éloigne les domestiques, étonnés du bruit et des discussions violentes dont ces personnages mystérieux font retentir le château[1]. Quand ils craignent que leur point de réunion soit découvert, ils se transportent chez sir Richard Knightley, dans le manoir de Fawsley, où l’on conserve encore la table de bois qui servait aux conjurés[2]. Le résultat de ces trames, à la tête desquelles est Pym, et qui sont à peu près aussi extra-parlementaires que l’a été le 10 août en France, c’est une pétition rédigée par lui et signée par dix mille citoyens pour demander la convocation d’un nouveau parlement.

Ce parlement n’était autre que le long parlement. Le 3 novembre 1640, cette célèbre assemblée se réunit, et sa première œuvre, c’est l’accusation de Strafford, dénoncé aux communes et livré au bourreau par Pym, qui tient sa promesse. Le roi savait bien que sa dernière espérance reposait sur Strafford ; Pym ne l’ignorait pas.

Pour donner à ce grand procès politique toute sa valeur et tout son intérêt, il faut bien comprendre les relations antérieures des deux antagonistes, et la réalité des intérêts qu’ils représentent. Strafford revient de l’Irlande, où il a exercé avec sévérité et avec éclat le pouvoir

  1. Voyez Echard, Histoire d’Angleterre.
  2. King’s Pamphlets, 113, part. 13.