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RÉVOLUTIONNAIRES ANGLAIS.

ôté la force civile. Les évêques protestèrent ; les communes, sur l’instigation et à la requête de Pym, les enfermèrent à la Tour. Le 30 décembre 1641, on vit douze prélats, dont deux étaient octogénaires, paraître à la barre de la chambre haute, conduits par l’huissier de la verge noire, et s’y agenouiller pour entendre leur sentence. Ainsi se termina la mémorable année 1641, point culminant de l’influence que Pym avait conquise.

L’année 1642 s’annonça par des émeutes populaires et par la faute nouvelle que commit Charles Ier, lorsqu’il accusa d’abord devant les communes et voulut ensuite arrêter lui-même cinq chefs de l’opposition. Trop docile aux conseils violens et absurdes de sa femme, il crut se sauver par la force, et vint lui-même à la chambre des communes pour s’emparer de Pym et de quatre autres membres. Le parlement s’empressa de les soustraire à la vengeance royale ; cinq jours après, ils revinrent en triomphe s’asseoir sur leurs anciens bancs.

Poussé ainsi jusque dans ses derniers retranchemens par l’énergie infatigable de son ennemi, Charles finit par planter à Nottingham l’étendard royal. Pym reste à Londres, et pendant que tous ses amis courent aux armes, chargé seul du pouvoir exécutif et des affaires du parlement, il soutient le poids des affaires. Cependant, en 1643, il commençait à s’user et à subir la destinée des instrumens révolutionnaires. Déjà on lui préférait des chefs plus ardens encore et des fanatiques plus déterminés. Comme un glaive qui a émoussé son tranchant, il n’avait plus sur les masses son ancienne et incisive influence ; et je ne sais quelle eût été sa destinée, quand la maladie l’enleva, au milieu des cris du peuple, qui, assemblé sous ses fenêtres, demandait son corps pour le mettre en lambeaux. Il mourut le 8 décembre 1643, épuisé par le travail sans relâche que lui avait imposé l’organisation révolutionnaire de cette époque. Les royalistes d’Oxford firent des feux de joie et se crurent sauvés ; mais il laissait, comme Mirabeau, la monarchie détruite, et en grande partie de sa propre main. Moins confus, moins brillamment éloquent, moins grandiose et moins théâtral que Mirabeau, rusé, tenace, indomptable, n’ayant de cruauté que dans la poursuite de ses desseins politiques, il méritait une analyse particulière et approfondie, comme l’un des hommes qui se sont montrés les plus habiles à conduire les assemblées, à disposer des intentions de leurs semblables, à profiter des circonstances, et à changer les empires. Personnages curieux à étudier : comment chacun de ces individus puissans dans un orage