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DE LA PUISSANCE ANGLAISE DANS L’INDE ET EN CHINE.

Dès le 4 novembre 1839, des instructions avaient été envoyées au gouvernement supérieur des Indes anglaises, pour préparer avec toute la célérité possible une expédition destinée à venger les insultes faites par les autorités chinoises au représentant de la reine et aux sujets anglais[1]. On équipait en même temps, en Angleterre, une escadre et des bâtimens de transport destinés à joindre l’expédition de l’Inde, avec un supplément de troupes de débarquement. Toutefois la déclaration officielle des intentions du gouvernement de la reine ne fut promulguée que dans les premiers jours d’avril 1841. Un ordre de la reine en conseil, portant la date du 4 avril, autorise la haute cour de l’amirauté et les cours coloniales instituées à cet effet à prononcer sur toutes captures, prises et saisies, qui pourraient être faites de tous vaisseaux, navires et cargaisons chinois, par les bâtimens de guerre anglais, dans le cas où la saisie et la détention provisoire desdits vaisseaux, navires et cargaisons ne détermineraient pas le gouvernement chinois à accorder la satisfaction et la réparation demandées. Le cas échéant, les navires et cargaisons ainsi détenus provisoirement seraient confisqués et vendus, pour le montant en être appliqué ainsi qu’il serait statué ultérieurement. La reine en conseil justifiait dans les termes suivans la détermination d’user de représailles envers le gouvernement chinois : « Attendu que nous avons pris en considération les torts et injures (injurious proceedings) faits dernièrement par certains officiers de l’empereur de la Chine à certains de nos officiers et sujets, et attendu que nous avons donné des ordres pour qu’il fût demandé au gouvernement chinois satisfaction et réparation de ces procédés injurieux ; attendu en outre, qu’il est à propos, dans le but d’obtenir lesdites satisfaction et réparation, que les vaisseaux, navires et cargaisons appartenant à l’empereur de la Chine et à ses sujets soient saisis et détenus provisoirement, etc… à ces causes, notre conseil privé entendu, il nous a plu ordonner, etc. »

Du mois d’octobre 1839 au mois de mars 1840, les détenteurs des obligations souscrites par le surintendant Elliot au profit des négocians anglais qui avaient livré aux autorités chinoises, par l’intermédiaire de cet officier, l’opium détruit le 17 juin 1839, en présence du commissaire impérial Linn, s’efforcèrent d’obtenir du gouvernement de la reine d’abord le paiement des traites dont ils étaient porteurs,

  1. Return to an order of the honorable the house of communs, dated 9 april 1840. — Parliamentary papers, no 241.