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plus haut, et réduit, comme nous le sommes encore, à des conjectures sur ce qui s’est passé dans le voisinage de Péking entre l’amiral et le gouvernement impérial, nous ne verrions plus qu’un point de grande importance à éclaircir : celui de savoir si les Anglais ont stipulé qu’il leur serait accordé l’autorisation d’avoir à l’avenir un ambassadeur résidant à Péking. Quant au reste, si réellement les Chinois cèdent aux Anglais un point d’occupation permanente à leur convenance dans le voisinage de Canton, l’île de Chusan, qui n’a aucune importance commerciale, ni par elle-même, ni par son voisinage d’un port où les Anglais trouvent en ce moment à commercer avec avantage, peut être restituée sans hésitation, aussitôt que les conditions relatives à l’indemnité et à la régularisation du commerce de l’opium auront été remplies. Les journaux anglais affectent de déplorer l’influence que le surintendant Elliot a exercée et pourra encore exercer dans les négociations entamées avec les Chinois. C’est un homme, disent-ils, qui a toujours été dupe des Chinois et le sera encore, un homme qui ne comprend pas que le seul système qui puisse réussir avec le gouvernement chinois, c’est celui de l’intimidation ; un homme qui a compromis, par ses hésitations, sa crédulité, son défaut de caractère, les intérêts du commerce et la dignité de la nation anglaise, etc.

Il peut y avoir quelque chose de vrai dans les reproches qu’on adresse au surintendant, mais il ne faut pas perdre de vue que le capitaine Elliot ne pouvait, à lui seul et de sa propre autorité, changer le système des relations établies depuis tant d’années entre le gouvernement anglais et les Chinois, système qui soumettait les Anglais comme toutes les autres nations européennes, aux humiliations d’un protocole à la faveur duquel leurs commerçans réalisaient d’immenses bénéfices. Il faut bien se persuader aussi que le gouvernement anglais n’aurait pas maintenu le capitaine Elliot dans ses importantes fonctions de surintendant, et l’aurait encore moins chargé de conduire les négociations délicates que l’Angleterre voulait ouvrir avec la cour céleste, s’il se fût élevé des doutes raisonnables sur la capacité de ce fonctionnaire et sa connaissance des véritables intérêts de son pays dans la question pendante entre les deux gouvernemens. Malgré les déclamations des journaux de l’Inde, nous persistons à croire que les négociateurs anglais peuvent traiter avantageusement sur les bases annoncées. L’impression déjà faite sur le commerce à Singapour, à Calcutta et à Bombay par les nouvelles de la conclusion d’un arrangement entre l’amiral Elliot et le gouvernement impérial, justifie nos