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nommée par la chambre haute conclut, le 2 avril, son enquête commencée le 2 mars, et fit son rapport, qui fut envoyé à la chambre des communes le 2 juin. Les conclusions de ce rapport sont, en somme, favorables aux pétitionnaires, et les vœux qu’il exprime et qu’il appuie ne sauraient manquer d’être accueillis par le parlement dans le cours de la session qui vient de s’ouvrir. Déjà le ministère, répondant aux observations faites par lord Ellenborough, en déposant une pétition de l’Association des Indes-Orientales et de la Chine (pour la réduction des droits sur les produits de l’Inde), a pris l’engagement de présenter très prochainement un projet de loi qui consacrerait le principe de l’égalisation des droits sur le rhum des Indes Orientales et Occidentales.

La compagnie, en même temps qu’elle place les grands intérêts commerciaux de l’empire indien sous la protection du pouvoir législatif, ne néglige aucun des moyens d’action directe dont elle peut disposer pour l’encouragement de l’agriculture et du commerce dans ses vastes possessions. Elle s’est occupée surtout, dans ces derniers temps, des perfectionnemens à apporter à la culture du coton et dans les détails de la récolte et du nettoyage. Le coton en effet, comme article d’exportation, est un des plus importans des produits de l’Inde, et peut devenir le plus important de tous si la qualité est suffisamment améliorée pour pouvoir rivaliser avec les belles qualités de coton américain. Aujourd’hui, les importations de cotons des Indes s’élèvent, année commune, à quarante-huit millions de livres pesant, ce qui représente un capital d’au moins 20 millions de francs. C’est environ le huitième de la quantité nécessaire à la consommation des manufactures anglaises[1].

Il en est du bien-être actuel et de l’avenir des nations comme du bien-être et de l’avenir des familles. Les intérêts matériels ne sont pas tout ; un bon gouvernement doit se préoccuper avec une égale sollicitude des intérêts moraux et intellectuels des peuples. Sous ce rapport, il y a encore beaucoup à faire dans l’Inde, et la difficulté de subordonner à un plan général toutes les modifications de détail

  1. Ce sont les Américains qui fournissent les marchés de la Grande-Bretagne de la majeure partie du coton employé dans les filatures. On conçoit combien l’Angleterre doit être désireuse de s’affranchir de ce tribut qu’elle paie à l’Amérique. L’accroissement de la production dans ce dernier pays a été prodigieux. En 1784, huit balles de coton, apportées à Liverpool par un navire américain, furent saisies, attendu qu’on ne voulait pas croire que ce coton fût d’origine américaine. En 1832 la récolte du coton en Amérique était d’environ 400 millions de livres, dont 228 millions furent expédiés en Angleterre.