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saction, et qu’on se dispose à y souscrire. C’est maintenant aux cantons et à la diète de terminer définitivement un différend qui ne pourrait se prolonger sans exposer le pays aux plus fâcheuses conséquences. La Suisse a bien assez de ses dissentimens politiques, sans y mêler d’autres élémens de discorde, et des élémens qui trouvent affinité et sympathie hors de la Suisse.

La chambre des députés a terminé ses travaux. Elle n’aurait pu les continuer avec dignité. La fatigue était visible, et, après sept mois de session, elle n’était pas sans excuse. Deux faits remarquables ont seuls signalé les dernières délibérations.

L’un est le démenti que M. Guizot a donné aux calomnies de ceux qui accusaient la royauté de juillet d’avoir promis l’évacuation d’Alger. Le démenti a été formel, et il est irrécusable que les paroles du ministre n’ont été contredites par personne. Les explications qu’on donne aujourd’hui de ce silence sont singulières. « On n’a pas eu le temps de demander la parole ; M. Sauzet a mis précipitamment l’article aux voix. » C’est ainsi que les légitimistes et les hommes de l’extrême gauche ont permis au président de leur fermer la bouche. Ce sont des hommes dont la parole est si peu habile, des hommes si modestes, si timides ! La France ne les a jamais vus demander bruyamment la parole, parler sur la question, sur la position de la question, contre la clôture, interrompre le vote, mettre la chambre en rumeur, quelquefois pour des questions de nulle importance. Ce jour-là, pas un n’a trouvé un mot, une syllabe ; cette tribune qu’on a souvent prise d’assaut, au pas de course, nul n’a même fait semblant d’en approcher. Sans doute le regard, la voix de M. Sauzet avaient terrifié l’assemblée. M. Sauzet est un homme si terrible !

L’autre fait n’a rien de politique ; c’est un acte d’administration, mais un fait important. Il réalise les vœux que les deux chambres avaient exprimés à plusieurs reprises. Les conseils municipaux avaient trop souvent abusé du pouvoir qu’ils tiennent de la loi de 1833, relativement au traitement de ces instituteurs primaires qui, dans leurs honorables et modestes fonctions, rendent de si grands services au pays, et méritent bien qu’on ne songe pas du moins à amincir le morceau de pain que la loi a voulu leur assurer. Par l’amendement que M. le ministre de l’instruction publique a su obtenir de la chambre, il a mis les instituteurs communaux à l’abri des lésineries de l’esprit municipal, et, en attendant le jour où il sera permis d’améliorer leur sort, il leur a du moins assuré le bénéfice de la loi existante. C’était là l’amendement dont avait essentiellement besoin la loi de 1833. Il assure du pain à plusieurs centaines d’instituteurs primaires et par-là un enseignement régulier et consciencieux à des milliers de Français. C’est, à nos yeux, un des résultats les plus solides, les plus utiles, de cette session.

M. le garde-des-sceaux vient de publier une circulaire qui a pour but de préparer une réforme de la plus haute importance, je veux dire la réforme de notre système hypothécaire. C’est à la fois une question de justice et d’économie politique.

Il est inique d’exposer les acheteurs et les prêteurs à des piéges et à des