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LE RHIN.

À M. DE LAMARTINE.

Au premier coup de bec du vautour germanique,
Qui vient te disputer ta part d’onde et de ciel,
Tu prends trop tôt l’essor, roi du chant pacifique,
Noble cygne de France, à la langue de miel.
Quoi ! sans laisser au moins une plume au rivage,
Gardant pour ta couvée à peine un grain de mil,
Des roseaux paternels tu cèdes l’héritage ;
Et sur l’aile de l’hymne agrandi dans l’orage,
Du Rhin tu fuis jusques au Nil !



Ah ! qu’ils vont triompher de ta blanche élégie !
Que l’écho de Leipsig rira de notre peur !
Déjà l’or de ton chant transformé par l’orgie,