Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 27.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
115
GALILÉE.

tions dont tous ceux qui avaient tenté jusqu’alors d’opérer la réforme de la philosophie étaient devenus l’objet.

Nous avons déjà dit que, durant son séjour à Padoue, il avait eu à soutenir plusieurs combats contre les professeurs de l’université et contre les jésuites ; le gouvernement du moins était resté neutre, et même en certains cas, le novateur se vit appuyé par l’autorité. Il n’en fut pas de même en Toscane, où les Médicis, soumis au pape et au clergé, avaient plusieurs fois sacrifié leurs intérêts et leurs amis aux exigences et aux rancunes de la cour de Rome. Côme II estimait sans doute Galilée, mais jeune, sans expérience et entouré d’ailleurs de gens attachés à l’ancienne philosophie et au pape, ce prince ne pouvait guère le protéger. Cependant tant qu’il vécut, la vraie philosophie n’eut pas à essuyer de trop violentes persécutions ; mais après sa mort, pendant la régence de Christine de Lorraine, sous le règne de Ferdinand II, Galilée dut souffrir des traitemens odieux, sans que le gouvernement toscan osât jamais le défendre autrement que par des prières et en tremblant.

Bien que plusieurs jésuites eussent combattu les doctrines de Galilée, ce ne furent d’abord néanmoins que des attaques isolées, et l’on a vu que ses découvertes avaient été confirmées par des astronomes de la compagnie de Jésus. Rome ne pouvait goûter ces nouveautés ; mais elle hésitait encore à prendre un parti dans une question qui paraissait purement mathématique : cependant elle fut bientôt entraînée par les clameurs des partisans de l’ancienne philosophie, qui étaient en même temps les hommes les plus orthodoxes et les plus fermes soutiens de l’église. Il paraît même que les premiers symptômes de persécution religieuse se manifestèrent en Toscane. L’archevêque de Florence, Marzimedici, Gherardini, évêque de Fiesole, et d’Elci, proviseur de l’université de Pise, en furent les promoteurs. Il est vrai que le père Foscarini, le père Castelli et monsignor Ciampoli prirent la défense de Galilée, et que le cardinal Conti parut assez indifférent au système du mouvement de la terre ou à l’hypothèse de Ptolémée. Mais bientôt les dominicains, s’étant déclarés hautement contre Galilée, entraînèrent tout par leur violence. Le père Caccini prêcha publiquement à Florence contre le grand astronome, et son sermon, dans lequel il se proposait de prouver que « la géométrie est un art diabolique, et que les mathématiciens devraient être bannis de tous les états comme auteurs de toutes les hérésies, » commençait par ces paroles de saint Luc : Viri Galilœi, quid statis adspicientes in cœlum ? L’ignorance de ces pères éga-