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REVUE. — CHRONIQUE.

On parle d’une promotion de pairs, qui ne serait pas, dit-on, nombreuse ; on parle également de changemens dans le personnel des préfectures et des sous-préfectures. Ces bruits ont fait de nouveau supposer que le cabinet préparait la dissolution de la chambre des députés. Malgré ces apparences, nous persistons à croire que ce n’est pas là la pensée du cabinet. Ce serait une témérité aussi dangereuse qu’inutile. Il n’obtiendrait pas une chambre plus compacte ; il s’exposerait au risque de voir grossir les rangs de l’opposition. Ce qui manque depuis long-temps aux cabinets, c’est la confiance générale dans leur durée. Ils ne peuvent guère inspirer un sentiment qu’au fond ils n’ont pas eux-mêmes. Si le ministère peut affronter la nouvelle session, s’il parvient (hypothèse très hasardée) à la traverser, c’est alors qu’il pourra tenter la dissolution. On aura commencé à croire en lui.

Un autre sujet de conversations incessantes dans un certain monde, ce sont les mouvemens qu’on attend dans notre diplomatie. Nous n’avons aucune envie de répéter tous ces bruits, tous ces propos, disons-le, toutes ces misères. Nous dirons seulement que ce sont là de ces incertitudes et de ces débats auxquels il est urgent de mettre un terme. Peu nous importe le résultat : l’essentiel est d’en finir ; la dignité du gouvernement l’exige.


M. Valery vient de faire paraître, sous le titre de l’Italie comfortable ou Manuel du Touriste[1], un petit livre qui sera utile et agréable aux personnes qui font le voyage d’Italie. Ce petit ouvrage, que nous appellerions volontiers l’almanach des voyageurs, et surtout des voyageurs gourmands, contient des observations précieuses sur les prix des auberges et des voitures, sur les meilleurs comestibles de chaque ville, et sur les médecins qu’on peut appeler pour remédier aux indigestions des mets exquis mentionnés par M. Valery ; sur les valets de place, les ciceroni, les guides, et toute cette nation de démonstrateurs qui fourmille en Italie. Dans les voyages ordinaires, on nous raconte les ruines de Pompéi ou de Rome, ce qui est fort bien ; mais on ne nous dit pas, pendant qu’on visite toutes ces belles choses, de quelle manière on se loge et on se nourrit, à quel prix on est transporté en voiture, à cheval, ou en bateau, et de ce côté les voyageurs ressemblent quelque peu aux romans de chevalerie, où les héros sont toujours en bataille ou en amour, sans qu’on sache jamais à quelle heure ils dînent ou se couchent. Si M. Valery n’avait pas fait ses voyages d’Italie, qui sont un des meilleurs répertoires que nous connaissions des antiquités de l’Italie, de ses monumens, de ses statues, de ses tableaux, et même de sa littérature ancienne et moderne, nous ne parlerions

  1. Librairie de Jules Renouard, rue de Tournon.