Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 27.djvu/355

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
351
DE LA CRISE ACTUELLE EN ANGLETERRE.

l’an dernier, avait fait pencher la balance du côté de lord Stanley, se déclara satisfait et promit son concours à lord Russel. On verra tout à l’heure combien de temps dura cette satisfaction et comment il tint sa promesse.

Peu de jours après, la seconde lecture eut lieu, et le ministère, encore appuyé par lord Howick, obtint une majorité de 5 voix (299 contre 294).

D’après les rigueurs des principes constitutionnels, c’était assez pour rester au pouvoir. Ce n’était point assez pour gouverner, et surtout pour faire passer le bill objet du débat. On pouvait en effet remarquer que plusieurs membres, tout en votant pour la seconde lecture, s’étaient prononcés contre la clause des 5 liv. sterl., et que, pour conserver toutes ses voix, le ministère lui-même avait déclaré qu’il regardait le chiffre comme secondaire et comme susceptible d’être modifié en comité. Il devenait dès-lors évident que le bill de lord Morpeth n’était entre les mains du ministère qu’un moyen de combattre celui de lord Stanley. Les amis du cabinet, au reste, s’en cachaient peu. « Nous savons bien, disaient-ils, que notre bill ne passera pas ; mais le bill de lord Stanley ne passera pas non plus, et c’est tout ce que nous demandons. » Quand lord John Russell, possesseur de sa majorité de 5 voix, se leva pour annoncer qu’il ajournait jusqu’après les fêtes de Pâques l’examen du bill en comité, il fut accueilli par un éclat de rire qui prouva que la tactique était parfaitement comprise. Comme il n’existait pourtant aucun moyen de la déjouer, il fallut s’y soumettre, et, pendant la trêve, les autres affaires de la session marchèrent paisiblement.

Ces affaires, dans l’état actuel des partis, n’ont pas assez d’importance pour s’y arrêter longuement. Je citerai pourtant un bill pour permettre aux juifs l’accès des fonctions municipales, qui, malgré la vive opposition de sir Robert Inglis, de M. Gladstone, de M. Goulburn, passa à 138 voix contre 31, mais qui, à la chambre des lords, vient de succomber sous les foudres des évêques de Landaff et de Londres. Je citerai un bill important de M. Labouchère, président du bureau de commerce, pour réduire à un droit uniforme de 7 pour 100, dans les Indes occidentales et l’Amérique du Nord, les droits actuels de 15, 20 et 30 pour 100 sur les produits étrangers. Je citerai enfin le bill pour confirmer et amender la nouvelle loi des pauvres, qui donna lieu à de nombreuses et orageuses discussions. On sait que la nouvelle loi des pauvres, soutenue par les fractions modérées de toutes les opinions, a toujours eu pour adversaires