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doce ; mais tous ces nouveaux royaumes, sans force par eux-mêmes, n’avaient qu’une existence précaire. Amyntas mourut après un règne de onze ans, et ses enfans n’héritèrent pas du trône de leur père. La Galatie fut réduite par Auguste en province romaine. (A. C. 25.) Nous retrouvons plus tard le fils d’Amyntas, Pylæmènes, aux fêtes de la dédicace du temple élevé à Auguste par les peuples de la Galatie, et sa fille Carachylæ exerçant la charge de grande prêtresse de Cérès[1]. Lorsque la Galatie eut été réduite en province, elle n’en conserva pas moins tout l’appareil d’un gouvernement indépendant ; les lois et actes de l’autorité furent toujours promulgués au nom du sénat et du peuple : en réalité cependant la Galatie fut administrée par des propréteurs dont les noms nous sont également conservés dans un grand nombre d’inscriptions. Nous ne pouvons révoquer en doute le fait attesté par saint Jérôme, de l’usage de la langue gauloise en Asie. Les noms gaulois d’Albiorix, Ateporix, etc., conservés dans les inscriptions, prouvent que la nationalité gauloise ne s’était pas effacée après un séjour de deux cents ans en Orient. Mais un fait qui est complètement en faveur de ceux qui pensent que le gaulois ne fut jamais une langue écrite, c’est que, parmi les innombrables inscriptions qui ont été recueillies depuis trois siècles dans l’ancienne Galatie, pas une seule n’est écrite en gaulois. Les actes émanant du conseil général des Galates sont tous en langue grecque ; les actes publics émanant du pouvoir impérial, les inscriptions relatives aux magistratures militaires, aux légions, aux routes, sont tous en latin ; on avait soin quelquefois de mettre une traduction grecque à côté de l’inscription latine.

Le même sénatus-consulte qui inscrivit la Galatie au nombre des provinces, déclara Ancyre métropole de toute la Galatie. Les deux autres capitales des Galates, Tavium et Pessinunte, commencèrent à déchoir à partir de cette époque. La destinée de ces deux villes fut tellement uniforme, que l’une et l’autre sont restées pendant des siècles englouties dans un oubli complet, et leur position même était ignorée. Pessinunte peut aujourd’hui déployer aux yeux du voyageur les faibles débris de sa grandeur passée ; mais Tavium, la capitale des Trocmiens, ville grande et commerçante, célèbre par un temple de Jupiter qui avait droit d’asile, Tavium, cachée au milieu de quelque forêt sur les bords du fleuve Halys, a jusqu’ici échappé aux investigations des archéologues.

  1. D’après des inscriptions trouvées à Ancyre.