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province de Haïmana. Pausanias nous a conservé une tradition qui nous apprend que la ville d’Ancyre fut fondée par un roi du nom de Midas. Apollonius, l’historien de Carie, cité par Étienne de Byzance, rapporte plusieurs traditions relatives à la fondation d’Ancyre, qu’il est disposé à regarder comme l’ouvrage des Gaulois ; mais il est contredit par Arrien, qui dit qu’Alexandre, en partant de Gordium, vint à Ancyre et reçut dans cette ville une députation des Paphlagoniens. Il est probable que les Gaulois y firent des travaux considérables ; cependant cette ville fut fondée par les Phrygiens[1], et reçut le nom d’Ancyre parce que les ouvriers trouvèrent une ancre de pierre en travaillant aux fondations des murailles.

Dans le principe, la ville d’Ancyre occupait le sommet d’une colline qui s’étend de l’est à l’ouest. C’est un grand rocher volcanique dont les flancs sont très abrupts. L’acropolis couronnait ce rocher, et les murailles descendaient jusqu’à mi-côte. Au nord, un torrent défend les abords de la montagne, et, coulant vers l’ouest, il va se jeter dans le Sangarius.

Telle est l’idée que l’on doit se faire de la ville des Gaulois. Mais, lorsque les Romains eurent réduit la Galatie en province, il n’est pas de travaux et d’embellissemens qu’ils n’aient faits dans leur nouvelle conquête. Les murailles furent prolongées jusque dans la plaine, et les quartiers situés sur la montagne fortifiés de nouveau, afin de former une vaste citadelle. La double enceinte flanquée de tours subsiste encore aujourd’hui ; mais les différens siéges que la ville eut à subir ont laissé des traces nombreuses, et plusieurs parties des murailles ont été réparées avec des débris de monumens antiques, des autels et des pierres sépulcrales. Un vaste souterrain qui règne sous la plate-forme du château servait à contenir les machines de guerre. Suivant le système de défense usité à cette époque, la citadelle occupant le point culminant de la ville, les murailles n’avaient pas de fossé extérieur ; elles suivaient les ondulations du rocher et s’élevaient ainsi en quelques endroits à plusieurs centaines de mètres au-dessus du niveau de la plaine.

Les plus beaux édifices construits par les Romains étaient dans la partie basse de la ville ; les inscriptions qui subsistent encore nous apprennent qu’Ancyre avait un hippodrome, des bains, des aqueducs et plusieurs temples. Si l’on en juge par les débris que l’on voit répandus çà et là, la magnificence de ces édifices ne le cédait en rien

  1. A. C. 650 ans.