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REVUE DES DEUX MONDES.

Repose en moi
Jusqu’à ce que la mer à son tour m’engloutisse.

Étends-toi désormais
Sur un coussin humide et frais,
Dans ma chambre d’azur où tout est transparence.
À l’œuvre, ici,
Tout ce qui berce et qui balance ;
Qu’on me berce à loisir cet enfant endormi.

Si le cor de chasse au bois gronde,
Je veux tout à l’entour faire écumer mon onde.
Vous, bleus ne m’oubliez pas[1],
Par ici ne regardez pas,
Vous troubleriez sa paix si douce et si profonde.

Et vous, ne vous laissez plus voir
Sur cette échelle ;
Ne le réveillez pas de votre ombre, cruelle.
Laissez-moi choir
Votre mouchoir,
Que j’en couvre ses yeux, comme un ami fidèle.

Adieu ! Adieu !
Jusqu’au réveil de Dieu
Endors ta joie, endors ta peine.
La lune monte pleine,
Le nuage fuit peu à peu,
Et le ciel, qu’il est grand là-haut ! comme il est bleu !

Cependant les Nemrods ne se rencontrent pas tous les jours pour enlever les cœurs d’assaut : les vilains ont aussi leurs revanches. Il arrive souvent que la belle meunière, trouvant sur son chemin quelque damoiseau peu discret, bec jaune échappé pour la première fois du donjon paternel, le remette à sa place lestement, et se donne le malin plaisir de venger sur lui les défaites de ses compagnes, comme dans ce lied de Goethe :

LE PAGE ET LA MEUNIÈRE.
LE PAGE.

Où donc, où donc…

  1. Vergissmeinnicht.