Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 27.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
83
VOYAGE DANS L’ABYSSINIE MÉRIDIONALE.

laire, ayant cent lieues environ de diamètre. Cette surface présente cinq principaux systèmes de montagnes : la première chaîne, celle d’Ankobar, allant du sud au nord, pénètre dans la province des Gallas-Ouello, enclave de Gondar, et s’abaisse progressivement du côté du pays des Adels ; la seconde, parallèle à celle-ci et distante de quarante lieues, est la chaîne des Garogorfou ; une troisième chaîne, oblique à l’égard de celles qui précèdent, va de l’est-sud-est à l’ouest-sud-ouest ; elle paraît renfermer les pics les plus élevés du système ; une quatrième chaîne, les monts Moguère, court de l’est à l’ouest sur une étendue de vingt lieues ; enfin, une dernière chaîne, celle des Soddo-Gallas, complète cette orographie.

Parmi les cours d’eau du royaume de Choa, on compte le Nil, qui en effleure la frontière ; l’Hawache, la plus importante rivière du pays, qui va se perdre dans le lac d’Aoussa ; le Robie Ouanze, qui s’échappe du pied de l’Indotto, et se jette partie dans l’Hawache, partie dans le Nil ; enfin, le Thia-Thia et l’Aaoudé, affluens de l’Hawache. Les lacs de Saouë, Léado, El-Lobellou et Mafoute, sont aussi des réservoirs qui ne manquent pas d’importance. Le terrain du royaume de Choa est, en général, de formation primitive ; mais, vers le pays des Adels, les accidens volcaniques se présentent. À dix-neuf lieues à l’est d’Ankobar, existe un volcan en combustion appelé Dofané ; à huit lieues vers le sud-sud-est, on trouve des sources d’eau bouillante ; il s’en rencontre également sur divers autres points, et la route des Adels en est parsemée. On doit en induire que cette portion de l’Afrique a été le siége d’un feu interne qui n’est point encore éteint. La population entière du royaume de Choa peut s’évaluer à quinze cent mille ames.

Les Abyssins de Choa forment une belle race, d’une taille élevée et d’une constitution vigoureuse. Leur figure bronzée et presque noire se distingue par des traits réguliers, des yeux expressifs, un front bien modelé, une chevelure bien fournie. Leur physionomie, douce en général, ne manque ni de fermeté ni de noblesse. Leur costume se compose, comme on l’a vu, d’un large pantalon, d’une ceinture et d’une taube, grande pièce de coton dans laquelle ils se drapent. Les femmes ajoutent à cette beauté du type la grace et la délicatesse des formes : leurs dents, d’un blanc de lait, tranchent avec le corail de leurs lèvres et la couleur de leur peau. Une blouse et des caleçons composent tout leur ajustement ; le grand luxe est d’y joindre des bracelets d’étain, un collier de verroterie et des boucles d’oreille composées de petites sphères d’argent. Les musul-